Les S400 sont invulnérables selon un expert américain, Les sanctions américaines frappent non seulement la Chine, mais également la Russie dont une trentaine de hauts responsables et d'entreprises, intervenant dans les secteurs militaire et du renseignement, se retrouvent sur la liste noire des Etats-Unis. La Russie et la Chine ont vivement réagi hier aux nouvelles sanctions annoncées par les Etats-Unis aussi bien contre Moscou que pour Pékin, au motif que la Chine a procédé dernièrement à l'achat de matériels de guerre russes. Une décision que les dirigeants des deux pays considèrent comme un acte grave de nature à mettre en danger la paix mondiale. Les deux pays ont, en effet, exprimé leur indignation et souligné en même temps que ce nouveau pas franchi par l'administration Trump attise les tensions déjà extrêmes dans un contexte de guerre commerciale ouverte. On notera que c'est une première dans les relations internationales que ces sanctions décidées par un gouvernement qui s'immisce dans la coopération bilatérale d'autres pays, et non des moindres, au motif qu'il y a un contrat portant sur l'acquisition d'avions de combat et des missiles sol-air. Mais cette sortie américaine a le don d'exacerber les dirigeants chinois qui ont donné libre cours à leur accès de fureur, parlant d'une «grande indignation» et sommant Washington de faire machine arrière, faute de quoi les Etats-Unis «payeront les conséquences» de leur décision. «Ce geste viole gravement les principes fondamentaux des relations internationales et nuit sérieusement aux relations entre les deux pays et leurs armées», a déclaré Geng Shuang, du ministère des Affaires étrangères chinois, qui a qualifié la sanction de «faute» tout en indiquant que son pays a déjà élevé de «vives protestations». Côté russe, la réaction pointait une menace sur «la stabilité mondiale», allusion explicite au contexte global des relations de Moscou avec les Etats-Unis, caractérisées par une crise diplomatique profonde et durable. «Il serait bon de se souvenir d'une notion comme la stabilité mondiale, qu'ils ébranlent de manière irréfléchie», a ainsi critiqué le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, dans un communiqué, tout en avertissant que «jouer avec le feu est stupide car cela peut devenir dangereux». Objet du nouveau conflit, l'achat d'avions de chasse du type Soukhoï SU 35 et du fameux système de défense anti aérienne S400 par une unité-clé du ministère chinois de la Défense. Le responsable diplomatique Geng Shuang a justifié ces acquisitions, en soulignant que la Russie est «un partenaire de coopération stratégique» de Pékin et que cette coopération répond aux exigences de sauvegarde «des intérêts légitimes des deux pays ainsi que de la paix et la stabilité régionales». Les sanctions américaines frappent non seulement la Chine, mais également la Russie dont une trentaine de hauts responsables et d'entreprises, intervenant dans les secteurs militaire et sécuritaire, se retrouvent sur la liste noire des Etats-Unis. Ainsi, est-ce le cas d'Igor Korobov, patron du GRU, le renseignement militaire russe qui a été dernièrement ciblé dans l'affaire Skripal, du nom de l'ex-espion russe empoisonné en Angleterre en mars et pour lequel les relations entre Londres et Moscou sont devenues exécrables. L'organisation paramilitaire Wagner, très présente à la fois en Ukraine et en Syrie, et son principal financier, Evguéni Prigojine, homme d'affaires considéré comme un des proches du président Vladimir Poutine, figurent également sur cette liste noire aux côtés de la firme de construction d'avions de chasse Komsomolsk. Cet acharnement - il s'agit de la soixantième série de sanctions prises par Washington contre Moscou - est justifié par l'administration Trump par le fait que les «activités malveillantes» de la Russie sont allées crescendo, depuis l'affaire de la Crimée et de l'Ukraine en passant par la Syrie ou l'ingérence (supposée) dans les élections américaines. Ne craignant nullement la contradiction, Washington a affirmé qu'elles ne visent nullement à «saper la défense» de quelque pays que ce soit. Indubitablement, les Etats-Unis lancent aussi, par ce biais, un avertissement à la Turquie qui a maintenu son option d'achat des S400 malgré les pressions du Pentagone et ils tentent une ultime intimidation de la Chine qui n'a pas hésité à rendre coups pour coups dans le bras de fer autour de l'augmentation exponentielle des taxes douanières. Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo n'a-t-il pas déclaré mercredi dernier que, plus que la Russie, Pékin constitue «la plus grande menace pour les Etats-Unis»?