L'opposition dite démocratique est plus que jamais divisée et disloquée Chaque variante de cette mouvance se fait une idée propre du dépassement du statu quo sans avoir un trait commun en mesure de se proposer comme un projet homogène et harmonieux. La léthargie est devenue le «compagnon» par excellence de la classe politique en général et l'opposition en particulier. La somme des initiatives politiques qui s'expriment semble ne pas atteindre le minimum requis en termes de normes d'une pratique politique digne de ce nom. Il est de notoriété publique que l'opposition est de tradition une force en perpétuel mouvement d'idées et de prise d'initiative. Cette définition est loin d'être en adéquation avec l'exemple algérien en ces moments de figisme ahurissant affiché par une opposition qui est, le moins que l'on puisse dire, en dehors de la vraie dynamique de la transformation politique de la société en profondeur. Il fut un temps où on entendait parler des initiatives émanant de la mouvance «démocratique», lesdites initiatives se sont transformées aujourd'hui en des discours sans effet ni apport quelconque sur la société en général. C'est beau de dire que l'opposition démocratique doit être respectée, voire prise en considération à travers ses propositions et sa contribution politique envers la classe politique et la société à la fois, mais cette opposition dite démocratique est réduite aujourd'hui à une «chimère», pour ne pas dire une loque politique tous azimuts. Des formations politiques estampillées du sceau de partis «démocratiques» ont déserté la scène politique en leur qualité de partis censés s'inscrire dans la dynamique citoyenne et sociale pour cristalliser un projet crédible et porteur. On n'entend que des discours qui sont dans leur majorité frappés de caducité et d'obsolescence criardes. A l'approche de l'enjeu majeur, celui de la présidentielle, le brouillamini s'impose comme l'unique donne en faisant fi de toute autre démarche en mesure d'éclairer la lanterne des citoyens qui naviguent à vue quant à la situation politique, économique et sociale qui prévaut dans le pays. La situation qui domine la scène politique nationale fait ressortir une opposition dite démocratique qui fait plus dans la réaction à une situation précise que d'agir et d'entreprendre des actions mûrement préparées et pensées. C'est le cas du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui a perdu de sa sève qui lui conférait tout de même le statut d'un parti d'opposition il y a de cela une dizaine d'années. Cette formation qui se réclame de l'opposition démocratique ne sait plus à quel saint se vouer, elle s'est retirée complètement du débat politique qui s'impose depuis le retrait de son chef et son fondateur, Saïd Sadi en l'occurrence, à la tête du parti. Le président actuel, Mohcen Belabbas, n'arrive pas à faire la différence et permettre au RCD de jouer le rôle d'un parti qui prend l'initiative politique et propose une démarche louable quant à la crise dans sa globalité, y compris par rapport au débat qui caractérise la scène politique nationale aujourd'hui. Le Front des forces socialistes (FFS) qui se reconnaît dans le giron de la mouvance démocratique et d'opposition n'est pas dans une logique rassembleuse et fédératrice des énergies de l'opposition démocratique. Il en appelle surtout à la reconstruction du consensus national où le champ d'intervention dépasse le cadre de ladite mouvance démocratique. D'ailleurs, même le Parti des travailleurs (PT) qui fait partie de l'opposition démocratique rejette d'emblée cette démarche «consensuelle» qui casse avec sa doctrine idéologique et préfère miser sur sa conception politique qui ne s'exprime pas dans la dynamique actuelle qui a trait à l'élection présidentielle de 2019. Il appelle à des élections anticipées pour mettre en place une Assemblée constituante nationale. Quant au Talaei el Houriat qui se dit lui aussi faisant partie de la mouvance démocratique n'arrive pas à sortir de l'attitude d'«appareil» agissant dans l'antithèse des agissements du pouvoir en place dont ce dernier connaît parfaitement la mécanique, ce qui, au demeurant, donne comme résultat un semblant d'opposition qui ne dépasse pas la «lisière» tracée et en étroite relation avec les objectifs relevant d'un prolongement des luttes d'appareils. En somme, l'opposition dite démocratique est plus que jamais divisée et disloquée. Chaque variante de cette mouvance se fait une idée propre du dépassement du statu quo sans avoir un trait commun en mesure de se proposer comme un projet homogène et harmonieux face à une situation socio-économique et politique qui a besoin que la solution soit multidimensionnelle et systémique. Il s'agit là d'une opposition qui est plongée dans son assommoir.