Le gratin politique national est attendu pour une campagne électorale stratégique. Les principales formations politiques représentant les plus importants courants idéologiques sur la scène algérienne vont s'affronter pendant deux semaines, dans le cadre d'un rendez-vous électoral inédit : les élections partielles qui toucheront sept wilayas mais qui auront pour arène la Kabylie. Un véritable combat de gladiateurs. C'est dans cette région réputée frondeuse et qualifiée de bastion de l'expression démocratique que le gratin politique algérien va s'exprimer, sereinement, pour la première fois depuis 1997, date de la tenue des élections législatives. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, est attendu durant la deuxième semaine de la campagne électorale au niveau des communes et des daïras les plus importantes de Tizi Ouzou et de Béjaïa pour y animer des meetings. Pour la circonstance, le FLN a également réquisitionné, en plus de ces cadres, plus de dix-sept ministres. Après avoir achevé son opération de renouvellement de ses structures, le FLN à Tizi Ouzou a entamé la seconde étape de cette opération de structuration. En effet, le parti de Belkhadem a lancé une opération d'adhésion au niveau des 67 communes de la wilaya sous la conduite du superviseur M.Seddiki. Belkhadem, pour rappel, avait décidé en date du 15 avril dernier de la dissolution de toutes les kasmas et de la mouhafadha de Tizi-Ouzou. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et chef du gouvernement, rencontrera les populations, selon la direction du parti, le 21 novembre à Tizi Ouzou. Le RND, qui a pris de l'avance dans l'opération de dissolution des APC issues des élections de 2002, compte rentabiliser le dialogue entamé par son secrétaire général, Ahmed Ouayahia, avec le mouvement citoyen des archs. Le RND a été le premier parti à passer à l'action dans la révocation des «indus élus», «6e incidence» des événements de Kabylie (2001), pour laquelle s'est engagé le gouvernement, lors du dialogue avec les compagnons de Belaïd Abrika. Le patron du RCD, Saïd Sadi, n'est pas en marge de cette dynamique. Il est en effet annoncé pour après-demain dans un meeting à Tizi Ouzou. Après une longue éclipse stratégique, le RCD se redéploie à la faveur de cette consultation électorale. Le parti de Saïd Sadi a pu constituer 47 listes sur les 67 communes. Le RCD est absent dans les communes du sud de la wilaya (Ouadhias, Maâtkas, Aïn Zaouia, Bounouh et Frikat), mais aussi dans l'est (Ouacifs, Beni Yenni, Aït Boumehdi, Aït Toudert). Par ailleurs, pour la première fois depuis la création de son parti en 1989, Saïd Sadi n'a pas caché son désir de se rapprocher du FFS aussi solidement implanté dans la région. Pour sa part, le plus vieux parti d'opposition fait circuler, par le biais de ses militants, la nouvelle de l'arrivée du chef Hocine Aït Ahmed. On croit savoir en effet, que le leader charismatique se rendra à Tizi Ouzou et Béjaïa pour donner un coup de pouce à son parti mis à rude épreuve depuis le semi-échec qu'il a comptabilisé face au mouvement des archs. Le parti d'Aït Ahmed est présent dans 62 communes sur les 67 que compte la Kabylie. Le parti est absent dans les communes reculées de la wilaya, telles que Idjeur, Agouni Gueghrane ou Zekri. Au total, 1067 listes ont été retirées, 17 partis sont en lice et 53 listes indépendantes ont retiré des formulaires de candidature pour les APC et APW. C'est dire l'enjeu hautement stratégique de ces élections pour chaque parti. Pour le FLN et le RND, il s'agit de confirmer leur présence sur un terrain jusque-là considéré comme acquis au FFS et au RCD. Pour ces deux derniers partis, l'enjeu consiste à reconquérir un terrain perdu à la faveur du mouvement spontané des archs curieusement effacé lors de ce scrutin. Né dans l'urgence lors des événements du Printemps noir de 2001, le mouvement des archs a complètement phagocyté l'activité partisane en Kabylie. Pour d'autres en revanche, ce rendez-vous électoral sera une opportunité pour capitaliser la mobilisation citoyenne dans la région et instaurer le contrôle de la population sur la gestion locale.