La Chine était interrogée hier par les pays membres de l'ONU sur son programme d'internement de citoyens musulmans, de plus en plus critiqué dans le monde. Près d'un million de Ouïghours et d'autres membres d'ethnies chinoises de langue turque sont ou auraient ainsi été détenus dans le Xinjiang (nord-ouest du pays), selon des estimations citées en août par un groupe d'experts de l'ONU. Dans le cadre de l'Examen périodique universel (EPU) prévu pour les 193 membres des Nations unies environ tous les quatre ans, la Chine présente à l'ONU à Genève un rapport sur la situation des droits de l'Homme chez elle et les changements depuis son dernier rapport en 2013. Tous les pays pourront poser des questions. Certaines ont déjà été publiées, ainsi pour les Etats-Unis, en pointe sur ce dossier, qui interrogent: «la Chine peut-elle clarifier le fondement de l'apparente criminalisation de pratiques religieuses pacifiques et la justification de la détention dans ces camps +de rééducation+ du Xinjiang, ainsi que les autorités responsables de ces politiques?». Washington demande quel est «le nombre de personnes retenues contre leur gré dans tous les établissements de détention du Xinjiang durant les cinq dernières années». La Grande-Bretagne veut savoir quand Pékin appliquera une recommandation d'un comité de l'ONU visant à «mettre fin à la pratique de détention dans des installations extra-judiciaires». Les Etats-Unis et l'Allemagne réclament l'accès de l'ONU pour enquêter au Xinjiang et au Tibet. Au Xinjiang, la Chine a d'abord nié l'existence de tels établissements puis, avec la publication d'images satellites et la présence de documents officiels d'autorités locales sur internet mentionnant leur existence, a parlé de centres éducatifs enseignant le chinois, le sport ou la danse folklorique pour lutter contre l'extrémisme religieux. Une enquête sur plus de 1.500 documents publics consultables en ligne a révélé en octobre que ces centres, au nombre de 181 implantés au Xinjiang depuis 2014, achetaient notamment des matraques, des menottes ou des pulvérisateurs de gaz lacrymogène. Les centres doivent «enseigner comme des écoles, être gérés comme à l'armée et défendus comme des prisons», selon l'un des documents citant le chef du Parti communiste chinois (PCC) au Xinjiang, Chen Quanguo.