Le Gspc a perdu près de 100 éléments depuis le début de l'année et ce, dans la seule zone kabyle, dans laquelle son hégémonie sur les autres groupes armés est quasi totale. Il y a quelques jours, un accrochage entre les éléments armés du groupe de Sidi Naâmane et une section de l'ANP de la zone a abouti à la mort de plusieurs terroristes, tombés dans une crevasse, en tentant de s'enfuir. L'information, très mal distillée, a cette particularité que, cette fois, ce sont les militaires qui ont tendu une embuscade aux terroristes. C'est-à-dire que les rôles, à l'occasion, sont inversés. Le Gspc a, en fait, opté pour un choix stratégique et tant que l'imbroglio politico-social persiste, il serait difficile de déloger les hommes de Hattab de la région. Peu à peu, depuis le début des émeutes en Kabylie il y a quelque huit mois, les services de sécurité ont été neutralisés, dans une large mesure, hors des grandes agglomérations urbaines pour les raisons que l'on sait. Cette absence de sécurité, voulue et entretenue par beaucoup de milieux, tend à se généraliser. Cela, bien sûr, emmène les groupes locaux du Gspc à agir en plein jour. Depuis près de deux semaines, certains groupes procèdent au racket des automobilistes, notamment dans la périphérie de Boghni. Ce «travail» accompli, ces groupes font un prêche de cinq minutes, stigmatisant les services de sécurité et la presse, coupable à leur yeux de «partialité dans la couverture des événements sanglants d'Afghanistan et de Palestine». Ce prêche s'est répété à plusieurs reprises à différents endroits, de jour comme de nuit, ce qui fait admettre la probabilité d'une « vie en symbiose » des réseaux locaux avec le terrorisme. La mise sous les ordres du Gspc des groupes GIA de l'Est, donne, en fait, une «aire d'activité» très vaste à l'organisation de Hattab, et qui va de Boumerdès à pratiquement l'extrême Est, à la lisière des frontières algéro-tunisiennes, avec une prédominance en Kabylie. Mais, attention, ce n'est pas pour autant que le Gspc est hégémonique dans ces régions. Le nombre de ses éléments tués depuis janvier 2001 reflète les pertes subies en une année: 138 éléments morts et - surtout - plusieurs fiefs ratissés et mis sous les feux de l'armée. Les fiefs de Sidi Ali Bounab, Mizrana, Takhoukht et les hauteurs du Massif de Tizi Ouzou ne sont plus autant de forteresses inexpugnables, et les groupes armés ne sont pas plus libres encore de quitter certaines zones propices. Mais il faut se rendre à l'évidence que tant que les événements de Kabylie persisteront, il serait de plus en plus difficile de venir à bout d'une organisation qui a, certes, ses limites, mais qui reste à ce jour, structurée et assez «consistante». La mise à l'index des organisations terroristes par Washington renseigne sur sa force de frappe et sa capacité de nuisance. En fait, l'année 2001 a consacré la prédominance du Gspc sur les autres organisations armées, que ce soit au Sud, au Centre ou à l'Ouest, où les GIA ou le HDS, ex-El-Ahoual, restent disséminées, ça et là, mais sans réelle force.