«Histoires criminelles», un recueil de témoignages poignants jetés sans ménagement à la face de la société qui continue de se regarder dans un miroir déformant qui cache toutes ses tares. Youcef Driss ne se fait pas le défenseur des parias. Il ne se fait pas le porte-parole des hères qui errent sans but dans les rues à la recherche d'une oreille attentive d'une âme sensible capable d'apaiser leur douleur. Youcef Driss qui avait narré les difficultés d'amours interdits dans Les amants du Padovani revient cette fois avec un ouvrage paru aux éditions Enag. Histoires criminelles est une masse d'accusations jetées à la face de la société frappée de myopie. Elle refuse de voir ses tares, de les reconnaître, mais se montre prompte à punir à mettre au ban tous ceux qui n'intègrent pas son modèle. L'auteur à travers les 55 récits et les 300 pages du livre ne porte pas de jugements ne s'immisce pas dans les drames et les douleurs qui lui sont contés. Fort de son expérience dans les rédactions et dans la couverture des récits de procès, il enfile la tunique d'observateur neutre pour écouter et transmettre. Ahlem, Rachid, Saïda, le petit Billal sont des pans de vies, des pans de douleurs, parfois tues. Ils sont des victimes de violences physiques, sexuelles, d'inceste, de cupidité. Ils sont des victimes qui n'ont pas su intégrer les modèles prédéfinis mis en place par la société. Histoires criminelles est une autre forme d'écriture, légère, aérienne mais poignante jusqu'à n'en plus pouvoir. Le livre accroche le lecteur qui se retrouve emporté dans un tourbillon qui ne le lâchera que quand le rideau tombera avec le point final de l'oeuvre.