Les positions n'ont pas vraiment bougé Le chef des observateurs civils de l'ONU à Hodeïda, le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, a exprimé sa frustration à ce propos, regrettant une «occasion manquée» pour renforcer la confiance entre les belligérants. Un mois après les pourparlers inter-yéménites en Suède, les premiers depuis 2016, le chemin s'avère semé d'embûches pour l'ONU qui peine à faire appliquer une série d'accords sur le terrain, ce qui fragilise le processus de paix. L'émissaire des Nations unies, le Britannique Martin Griffiths, est retourné samedi au Yémen avec l'intention d'accélérer l'application des accords, notamment un retrait -l'ONU parle de «redéploiement»- des forces en présence à Hodeïda. Car si la ville connaît un calme relatif depuis l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, aucun redéploiement significatif des insurgés, qui contrôlent la grande majorité de Hodeïda, n'a eu lieu. L'ONU a obtenu une percée en Suède le 13 décembre entre le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, et les Houthis appuyés par l'Iran. Le principal accord porte sur Hodeïda, front actif du conflit en raison de la crise humanitaire considérée par l'ONU comme la pire au monde. Les belligérants se sont aussi accordés sur un échange de prisonniers, qui se comptent par milliers, et sur des arrangements de sécurité à Taëz, grande ville encerclée par les rebelles. Le texte de l'accord ne comporte pas de calendrier précis pour le retrait des rebelles des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa, et pour celui des deux camps de la ville même, avec la facilitation de l'aide humanitaire. Les rebelles ont annoncé un début de retrait le 29 décembre du port, aussitôt mis en doute par le gouvernement. Des responsables gouvernementaux ont affirmé que des combattants Houthis restaient toujours positionnés. L'accord prévoit de remettre le port de Hodeïda et ceux de Salif et de Ras Issa aux administrations qui étaient sur place avant l'arrivée des rebelles fin 2014, en donnant un rôle à l'ONU dans la gestion de ces ports. L'ouverture de la route entre Hodeïda et la capitale Sanaa comme corridor humanitaire, n'a pas eu lieu à la date prévue du 29 décembre, selon un communiqué de l'ONU. Le chef des observateurs civils de l'ONU à Hodeïda, le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, a exprimé sa frustration à ce propos, regrettant une «occasion manquée» pour renforcer la confiance entre les belligérants. De même, il a estimé que, pour «être crédible», tout retrait doit être vérifié par l'ONU et toutes les parties concernées. La deuxième phase du redéploiement à Hodeïda porte sur un retrait des forces des deux parties de la ville. Mais des habitants ont affirmé que les Houthis n'ont jamais été aussi présents dans la ville, beaucoup ayant revêtu les uniformes de différentes unités régulières des forces de l'ordre. Outre un échange de listes des prisonniers, aucun progrès n'a été annoncé sur la question de l'échange de ces détenus et des arrangements de sécurité à Taëz. Sur le fond, les deux parties ont des interprétations diamétralement opposées, selon des sources politiques yéménites. Les rebelles pensent que la gestion des ports et de la ville de Hodeïda doit être confiée aux autorités en place, c'est-à-dire eux-mêmes, alors que le gouvernement comprend que cette responsabilité revient à l'administration présente dans la cité avant «son occupation» par les Houthis. Ceux-ci continuent de faire pression en vue d'obtenir la réouverture au trafic aérien civil de l'aéroport international de Sanaa, ville qu'ils contrôlent depuis plus de quatre ans. Ils ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux et accueilli M. Griffiths samedi avec des enfants malades, empêchés d'être évacués vers l'étranger. Le gouvernement et ses alliés ne cachent pas leur exaspération, accusant les rebelles de multiples violations de la trêve à Hodeïda. Les Houthis viennent d'être épinglés par l'ONU sur un détournement massif de l'aide humanitaire.