A ce jour, la France n'a pas encore fourni les schémas des frontières minées. Le chef de l'Etat vient d'ouvrir un autre épisode de la présence coloniale en Algérie. En effet, après avoir dénoncé les fours à chaux, dignes des fours crématoires nazis, Abdelaziz Bouteflika rappelle à l'occasion de la destruction, hier à Hassi Bahbah, du dernier lot de mines antipersonnel de l'ANP, que la France refuse de remettre les cartes localisant l'implantation des mines antipersonnel sur les bandes frontalières est et ouest. «Nous appartenons à un monde que nous voulons dynamique et qui se veut sans exclusive, voilà pourquoi nous nous efforçons d'être à l'avant-garde du droit humanitaire et je fais référence à la convention d'Ottawa sans oublier aussi les accords de Kyoto.» Avant de poursuivre: «Nous regrettons simplement que la France coloniale ait truffé les frontières de mines antipersonnel, notamment les lignes Challes et Morice sur près de 2530 km. A ce titre, nous déplorons qu'à ce jour, la France d'aujourd'hui n'ait pas encore fourni les schémas des frontières minées.» Cependant, le chef de l'Etat s'est dit persuadé que «l'armée algérienne, grâce au concours du Canada qui nous a dotés d'un équipement performant dans la détection des mines, sera en mesure de dépolluer les champs minés de près de 3 millions de mines et ce avant 2012». Avant de poursuivre: «Je remercie tous nos invités qui ont accepté de faire le déplacement pour constater de visu que l'Algérie est un Etat convaincu par les causes humanitaires». L'opération d'hier s'est déroulée en présence de M.Mohamed Bedjaoui, du chef d'état-major de l'ANP, le général-major Ahmed Gaid Salah, de membres du gouvernement, d'officiers supérieurs de l'ANP, du directeur général de la Sûreté nationale, M.Ali Tounsi, de représentants de la société civile et du corps diplomatique accrédité à Alger. A assisté, également, à l'opération Mme Jay Williams, Prix Nobel de la paix 1997 et coordinatrice de la campagne internationale contre les mines. Avant ce dernier round d'une série de six, le taux de destruction des mines était de 98%, soit l'équivalent de 147.020 unités sur une dotation initiale et globale de 150.050 que détenait l'Algérie antérieurement à la mise en oeuvre de la convention d'Ottawa. 3030 mines sont passées par les fours de destruction permettant ainsi à l'Algérie de clore définitivement ce chapitre. Désormais, l'Algérie ne comptera plus de mines antipersonnel dans ses arsenaux militaires; c'est pourquoi il y a lieu de savoir que la convention d'Ottawa, entrée en vigueur le 1er mars 1999, est un traité juridiquement contraignant pour les Etats parties, qui visent le bannissement de tout type de mines antipersonnel à l'échelle mondiale. Il importerait de savoir que des pays ayant signé la convention d'Ottawa ont préféré repousser à plus tard sa ratification arguant d'une incidence financière assez lourde et invoquant, par ailleurs. des considérations militaires. Toutefois, sa mise en oeuvre s'est avérée relativement satisfaisante, tant sur les 153 pays qui l'ont signée, 145 l'ont ratifiée et au 1er janvier 2006, elle sera entrée en vigueur pour le même nombre. Cet effort de coopération est loin d'encourager l'universalisation du principe d'Ottawa, tant que des puissances militaires comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde ou le Pakistan, n'y ont pas adhéré ! Aussi, faut-il signaler que l'ampleur du problème peut se résumer au fait qu'on ignore à ce jour le nombre de mines stockées de par le monde, tout comme on estime seulement ce nombre à 200 millions dans 67 pays et dont une quantité majeure est détenue par ceux n'ayant pas souscrit aux accords d'Ottawa! A noter que la 1re conférence, qui a eu lieu du 29 novembre au 3 décembre 2004 à Nairobi, a sorti un document politique de base dit Déclaration de Nairobi, valable jusqu'en 2009.