Les citoyens de ce quartier ont accueilli le Nouvel an avec une vive pensée pour les victimes de la catastrophe du 10 novembre. Même si le temps passe, les séquelles de la tragédie demeurent vivaces. Le 31 décembre à minuit, une cinquantaine de jeunes a parcouru le quartier scandant « de Bab El-Oued à Triolet «zawali dah el oued», rompant ainsi avec le calme qui plongeait le quartier dans la tristesse. En effet, à Triolet, aux Trois-Horloges ou encore à El-Kettani, le coeur n'y était pas en cette journée de fête, qui ne ressemblait guère à celle des années précédentes. Le contraire nous aurait surpris. Dans un élan de solidarité, les Scouts algériens ont observé une minute de silence à la mémoire de ceux qui ont laissé leur vie ce samedi noir et ce, à proximité de la plage El-Kettani. Sur un autre plan, le problème des sinistrés persiste toujours, malgré les vastes opérations de relogement ayant touché plusieurs centaines de familles. A quelques encablures de l'APC, une famille de sept personnes a passé les fêtes sous la tente. «On refuse de nous reloger sous prétexte qu'on est de faux sinistrés», crie la mère, avant d'ajouter: «Le président de l'APC nous menace d'expulsion.» Un autre couple occupe le siège de l'association SOS Culture. Il est sinistré du centre de transit Amar-Berrezouane. Selon lui, «un responsable de l'APC avait vendu son logement à un avocat». Les associations de bienfaisance et de solidarité citoyenne et la cellule de proximité tentent, un tant soit peu, de porter aide aux sinistrés. «J'ai déchiré ma carte de vote, je ne veux plus entendre parler des élections», nous apostrophe cette quadragénaire. Nous n'avions pas besoin de demander les voeux qu'ils formaient pour 2002. Leurs visages en disaient long. Un toit, pour les sinistrés sera le meilleur cadeau qu'on puisse leur offrir. Cela ne remplacera pas le proche perdu, mais contribuera certainement à apaiser leur souffrance.