De nombreuses municipalités sont dans une situation qui impose des alliances. Les résultats de l'élection partielle de jeudi dernier donnent plus de 40 communes sans majorité absolue. Une situation qui appelle par voie de conséquence au tissage des alliances pour assurer le bon fonctionnement des assemblées. Si la loi est claire en matière de présidence des assemblées qui revient de droit à la liste ayant obtenu le plus de sièges (article 48 du code communal), elle ne l'est pas en matière de constitution des exécutifs et délibérations qui sont désignés par le président et soumis au vote de toute l'assemblée. C'est justement à ce niveau qu'il y a risque de blocage. La liste qui obtient la présidence doit impérativement composer avec d'autres pour éviter des situations de crise qui seraient préjudiciables à bien des égards pour le fonctionnement de l'assemblée, voire du développement local. A Béjaïa, de nombreuses municipalités sont dans une situation qui impose des alliances. La vie dans ces communes reste suspendue au gré des alliances appelées à se tisser entre les parties portées aux destinées des collectivités locales. Si à Tazmalt par exemple, le problème ne se pose pas puisque la liste indépendante conduite par Smaïl Mira a obtenu six sièges sur les onze dont est pourvue l'assemblée, il n'en est pas de même à El Kseur où la liste FLN s'empare de la présidence par la force de l'âge. Dans cette municipalité, le Front de libération nationale avec ses 4 sièges sur les onze de l'assemblée doit composer soit avec les quatre élus du RCD ou les deux élus du FFS pour gérer dans de bonnes conditions les affaires locales. A ce niveau, peuvent apparaître des alliances contre-nature. Le RCD et le FFS peuvent, en effet, s'associer pour, non pas prendre la présidence - la loi ayant déjà tranché sur cette question - mais pour bloquer la liste majoritaire. Dans ce cas de figure qui relève d'alliance contre-nature, la loi prévoit la dissolution pure et simple de l'assemblée. A El Kseur, une alliance FLN-FFS a été faite pour éviter tout risque de cette nature. Dans la commune de Béjaïa, le FLN, qui a remporté 5 sièges, fait face à la même situation si la présidence lui revient de droit; s'allier avec des élus d'autres partis lui est imposé de fait. Même s'il n'a que l'embarras du choix, puisque le reste des listes postulantes se sont pratiquement partagé le reste des sièges, le risque de constitution d'un front d'opposition majoritaire peut mettre cette municipalité dans une situation inextricable. Déjà, une réunion informelle avait regroupé les élus RCD, FFS et des deux autres listes d'indépendants pour discuter de cette éventualité. Lors de cette réunion, barrer la route au FLN était au centre des discussions sans pour autant qu'il y ait, pour l'instant, de décision finale. A Akfadou et Chemini, autres communes touchées par ce cas de figure, le FFS et les indépendants doivent respectivement étudier d'éventuelles alliances avec pour le premier le FLN et le RCD et pour le deuxième avec le FLN, le RCD et le RND. Elles sont au total 40 communes à vivre cette situation et on ne manquera sans doute pas d'assister au tissage d'alliances contre-nature. D'ores et déjà, on sait à partir des discours de campagne que le FFS refuse de s'allier à un RCD qui n'a cessé de prôner cette volonté. Autant les alliances politiques entre le FLN et le RND restent correctes et ne constitueraient que le prolongement de la coalition gouvernementale, autant elles restent contre-nature dans d'autres cas de figure. Toujours est-il que la gestion des collectivités locales risque de buter sur des crises de blocage si les directions politiques n'y mettent pas du leur à travers des orientations allant dans le sens de l'intérêt des citoyens. Après le verdict des urnes, l'heure est au marchandage politique. Le code communal étant tel qu'il faudra nécessairement passer par cette étape.