La société civile estime que le temps est venu pour que l'Etat français assume ses responsabilités historiques. La société civile a adhéré en masse à la position exprimée par le chef de l'Etat, quant à l'impossibilité de conclure un traité d'amitié avec la France, sans que cette dernière reconnaisse officiellement ses crimes commis contre le peuple algérien durant la période coloniale. En effet, syndicalistes, personnalités nationales, intellectuels universitaires, et professionnels de la presse, ont indiqué, hier, lors du forum organisé au CIP par le quotidien arabophone El Bilad, que la France doit accepter et reconnaître «sa responsabilité, politique, juridique et morale dans les crimes abominables perpétrés à l'encontre de la nation algérienne tout au long de l'ère coloniale», indiquent-ils. Pour M.Ahmed Boubrik, ex-député et journaliste, une telle reconnaissance de la part de l'Etat français ne représente que le seuil minimum requis, sans lequel, le traité d'amitié serait irréalisable. Lors de ce forum, organisé sous le thème «Pour libérer les relations algéro-françaises de la culture colonialiste», les représentants de la société civile estiment que le moment est venu pour que les deux Etats et les deux peuples «ouvrent les pages de l'époque coloniale telles quelles, sans complaisance ni falsification». La reconnaissance par l'Etat français de ses crimes permettra, en outre, aux yeux des intervenants, aux deux Etats et aux peuples des deux pays d'aller avec confiance, à l'établissement des relations saines et libérées de la culture coloniale. A cette occasion, les conférenciers lancent un appel à tous les citoyens algériens pour soutenir cette initiative qui, à leurs yeux, vise à sauvegarder l'identité algérienne et à recouvrer la mémoire collective. «... Nous lançons un appel à tous nos concitoyens ainsi qu'aux forces vives de la nation pour se joindre à cette initiative nationale visant à sauvegarder de manière pacifique et par des moyens politiques, intellectuels, culturels, médiatiques et légaux, la mémoire collective de notre peuple...» Toutefois, on a estimé que les responsables des deux pays sont loin d'avoir assuré «les conditions objectives nécessaires à cette amitié». Par ailleurs, les initiateurs de cet appel songent à adresser aux présidents algérien et français, à l'occasion de la visite du président français Jacques Chirac en Algérie, des lettres à travers lesquelles ils tiennent à exprimer aux deux chefs d'Etat leurs regrets suite à l'adoption par l'assemblée nationale française en date du 24 février 2005, la loi 158 approuvée par le président Chirac. «Cette loi porte atteinte à notre histoire et au droit de mémoire du peuple algérien» soulignent-ils. Dans le même contexte, les représentants de la société civile ont affiché leur disposition à y participer afin de faire de ce traité d'amitié un véritable contrat d'amitié entre nos deux peuples, et que la France affiche une bonne volonté d'y participer, en reconnaissant ses crimes historiques.