Une marée d'étudiants a déferlé, hier, dans les rues du pays, afin d'exprimer sa désapprobation à ce qu'elle qualifie de «Mandat 4+ +». Les étudiants promettent même d'intensifier leur mouvement jusqu'au vrai changement... Les étudiants maintiennent la pression! Ils étaient des milliers à travers les quatre coins du pays à manifester contre ce qu'ils qualifient de «Mandat 4+ +». Constantine, Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Annaba, Mascara, Oran... Bref, toutes les wilayas où il y a un campus universitaire, des marées d'étudiants se sont déversées dans les rues pour dire non à la décision du chef de l'Etat, d'annuler l'élection présidentielle du 18 avril prochain! À Alger, c'est une véritable démonstration de force que ces jeunes ont montré en envahissant le centre-ville, afin d'exprimer leur refus de voir le Président Bouteflika prolonger son mandat au-delà d'avril prochain. Dès les premières heures de la matinée, des étudiants ont déferlé vers le centre de la capitale. Des petits groupes ont commencé à se rassembler au niveau de la place Maurice Audin, l'université d'Alger Benyoucef Benkhedda, mais surtout la Grande Poste. Telle une tempête de neige, ces petits groupes ont vite grandi pour couvrir toute la place de la Grande Poste jusqu'à presque la rue Didouche Mourad d'Alger. Plus le temps passait, plus la foule grandissait. Drapeau national à la main et nouveaux slogans sur les lèvres, ces jeunes femmes et jeunes hommes de toutes les universités du Centre, sont venus montrer à leurs dirigeants que leurs aspirations dépassaient ce que contient le dernier message du Président. «On veut un changement radical et non un changement de façade», criaient-ils en choeur, avant de «dévoiler» les nouveaux slogans qui vont «bercer» la rue durant les prochains jours. «Bouteflika makache 3ouhda Khamissa (Bouteflika il n'y aura pas de cinquième mandat)» ont été remplacés par les «Bouteflika matzidche dikika» (Bouteflika tu ne rajouteras pas une minute) ou encore les «Inana lil tarik wa inna ilayhi radjaâoune» (À la rue nous appartenons, à elle nous retournons). Evolution de la situation oblige. En fait, ces jeunes ont par là voulu montrer leur maturité politique en affirmant, que la couleuvre ne passe pas. Les pancartes qu'ils soulevaient fièrement sont là pour le prouver. «Stop au viol de la Constitution». «Sur quelle base arrêter le processus électoral? Le seul article adapté à la situation est le 102», pouvait-on lire. Preuve de cette sagesse, ils ont improvisé un «brainstorming» à ciel ouvert... Ils ont accroché des «post-it» à la place Audin avec des idées et des propositions sur leurs visions de la nouvelle République. Certains avaient même imprimé des copies de la Constitution algérienne qu'ils distribuaient à leurs camarades, tout en lançant de chauds débats sur la question. Les forces de l'ordre ont fini par céder, laissant cette jeunesse briller sur la Blanche qui retrouve des couleurs. Celles de l'espoir et du changement! Et rien ne semble pouvoir altérer la détermination de ces Algériens. Ils comptent même intensifier leur mouvement: «Koul youm Massira, WAllah marana habsine» (tous les jours une marche, Wallah on ne s'arrêtera pas)...