Mobilisation record ce vendredi Le pouvoir serait acculé à terme d'accepter de négocier un changement profond, qui conduira à sa disparition. Qu'est-ce qui va se passer, maintenant que la rue a signifie un refus catégorique à la feuille de route du chef de l' Etat? Les Algériens, à travers la mobilisation record de ce vendredi, supérieur aux vendredis précédents persistent et signent: le système doit partir pour pouvoir organiser non pas une transition sous tutelle, mais une véritable transition démocratique. Le rapport des forces entre le pouvoir en place et le mouvement populaire, n'a pas encore accouché d'une passerelle vers la concrétisation du projet de transition. Les deux protagonistes éprouvent des stratégies différentes. Pour certains observateurs, les élites politiques, médiatiques, partis politiques, syndicats et organisation autonomes de la société civile et même l'armée sont les acteurs du changement démocratique. Pour certains, au mieux le pouvoir proposera de réelles concessions: «Démission du président, de son gouvernement et la dissolution du Parlement et du Conseil constitutionnel» car tout l'ordre institutionnel issu de l'actuel régime est remis en cause. Au pire il optera pour un pourrissement: pousser à l'exaspération aux fins de déclarer l'état d'urgence. Les observateurs mettent en garde contre cette stratégie de terre brûlée, qui est un saut dans l'inconnu aux conséquences dangereuses. Pour l'heure, on ne sait pas quelle démarche sera adoptée pour engager un processus de transition politique qui aboutira à la consolidation de la démocratie. Toutes les anciennes règles du jeu politique doivent être abandonnées pour permettre l'apparition de nouveaux acteurs et de nouvelles configurations politiques, indique-t-on. Le consensus autour de la forme et la dimension représentative secrétée sur les réseaux sociaux par les événements est «incertaine». Quels seront; a priori, les moyens qui seront employés pour faire advenir la démocratie? Dans ce contexte, l'opposition envisage d'organiser une conférence parallèle. Lors de son dernier conclave tenu au siège du parti El-Aâdala de Abdellah Djaballah, l'opposition a appelé à «l'organisation d'une rencontre regroupant le Front national du rejet de la démarche du pouvoir visant à tenir un dialogue sérieux permettant la formulation de revendications exprimées par le mouvement populaire et l'élaboration d'une feuille de route de transition démocratique pour aboutir au changement du système». D'autres initiatives de ce genre sont en train de se multiplier. A titre de rappel, le chef de l'Etat a annoncé, lundi, la prolongation de son quatrième mandat, le report sine die de l'élection présidentielle et la tenue d'une conférence nationale inclusive, suivie de l'élection présidentielle anticipée. Le rejet de cette offre par la rue ne s'est pas fait attendre. Des manifestations se sont déroulées depuis l'annonce des décisions du président Bouteflika, sur le territoire national pour dire non au prolongement du mandat de Bouteflika. Les enseignants, le personnel médical, des lycéens, les avocats, les magistrats sont descendus en nombre dans la rue pour exprimer leur opposition aux annonces de Bouteflika. Au lieu d'aboutir à l'affaiblissement de la mobilisation, comme escompté, la nomination de Bedoui et Lamamra à la tête du nouveau gouvernement et le matraquage médiatique autour de leur communication, qui s'en est suivi, n'ont pas affaibli la mobilisation, mais au contraire, ont abouti à l'amplification du rejet de la feuille de route du président. Enfin, étant donné sa fin de cycle, la banqueroute de sa politique économique, le pouvoir serait acculé à accepter de négocier un changement profond, dont il ne maîtrisera pas la portée, et qui conduira à sa disparition.