La rue est dans la logique du «dégagisme». On s'achemine vers de vraies concessions pour amorcer la rupture radicale exigée par le mouvement populaire. Cela est d'autant probable que la rue est dans la logique du «dégagisme». Preuve en est que la mobilisation était, hier, plus importante que durant les cinq derniers vendredis pour rejeter l'appel de Gaïd Salah à activer l'article 102 de la Constitution, qui ne répond pas aux revendications du mouvement populaire. Loin de convaincre les manifestants, cette suggestion du chef d'état-major a essuyé un rejet catégorique des manifestants. L'ampleur de la riposte de la rue contre l'application de l'article 102 est décisive et appelle à d'autre décisions. Pour beaucoup, la crise actuelle est politique, non pas constitutionnelle. Il faut dire que le Conseil constitutionnel n'a pas encore répondu à la demande du chef d'état-major, Gaïd Salah, pour trancher l'application de l'article 102 de la Constitution qui prévoit la destitution du chef de l'Etat. Quatre jours après l'annonce de cette suggestion, le Conseil constitutionnel présidé par Taïb Belaiz, ne s'est pas encore réuni pour constater l'inaptitude du chef de l' Etat à gouverner. La procédure portant exécution de l'article 102 de la Constitution n'est donc pas mise en oeuvre. En outre, certains observateurs, vont jusqu'à dire que «cette suggestion est plutôt recommandée par l'entourage de Bouteflika».En tout état de cause, l'appel à l'activation de cet article est qualifiée d'une manoeuvre dilatoire pour sauver le système. D'après des constitutionnalistes, «personne ne peut saisir le Conseil constitutionnel pour que celui-ci constate l'état d'empêchement du président de la République. «C'est au Conseil constitutionnel de s'auto-saisir automatiquement de plein droit». Si le Conseil constitutionnel ne réagit pas et le chef de l'Etat persiste à aller jusqu'à la fin de son mandat, on s'achemine droit vers le vide constitutionnel au-delà du 28 avril prochain. Si certains partis politiques réclament des réformes préalables en plus de l'activation de l'article 102 de la Constitution d'autres formations politiques revendiquent la démission du chef de l'Etat, de son gouvernement et la dissolution des deux chambres du Parlement pour amorcer une transition démocratique gérée par des instances qui émaneront du mouvement populaire. Dans ce cas, le pouvoir peut décréter l' état d'exception comme le prévoit l'article 107 de la Constitution algérienne. Même si le chef de l'tat démissionne avant la fin de son mandat, il est risqué d'aller à une élection présidentielle avec les mêmes instruments qui ont permis la fraude pendant plusieurs années. Par ailleurs, l'application de l'article 102, a suscité de multiples appels à manifester, lancés sur les réseaux sociaux et dans les médias par des citoyens anonymes, des militants, des personnalités nationales et partis politiques ainsi que de syndicalistes et des représentants de tous les corps de métiers. La mobilisation lors du sixième vendredi sera beaucoup plus supérieure à celle des vendredis précédents. A l'occasion de ce sixième acte, les manifestants, qui commençaient hier à arriver très tôt, restent très mobilisés et l'affluence record sera certainement au rendez-vous. Nombreux sont ceux qui estimaient que l'activation de l'article 102 est dépassée par le temps. L'article 07 qui est activé de fait par le peuple est le seul article qui vaille d'être enclenché. Cet article stipule que «le peuple est la source de tout pouvoir et la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple». L'article 102, aurait dû être appliqué il y a des années, étant donné l'état de santé dégradé du président Bouteflika depuis son AVC en 2013.