Les éléments du Gspc encore en activité tentent de se faufiler entre les mailles des filets tendus par les services de sécurité. L'étau se resserre de plus en plus sur les quelques «irréductibles» du Gspc, mais ces derniers continuent toujours à semer la mort, notamment du côté de Boumerdès, une région quadrillée par un important dispositif sécuritaire qui, pourtant, continue d'être le théâtre d'attentats terroristes. Acculés, retranchés dans les maquis de Sidi Ali Bounab et jusque dans les denses forêts de l'Akfadou, dans la wilaya de Béjaïa, les terroristes tentent des forcings en ciblant tout particulièrement les membres des services de sécurité. A la recherche du «coup médiatique», et forts de l'appui de réseaux de soutien difficilement «démantelables», les éléments du Gspc encore en activité tentent de se faufiler entre les mailles des filets tendus par les services de sécurité, notamment l'ANP qui a installé des cantonnements dans plusieurs endroits réputés être le fief des sanguinaires. Le guet-apens puis l'assassinat des deux militaires, vendredi dernier, près de Bouassem, localité dépendant de la wilaya de Boumerdès, conforte bien la thèse selon laquelle les groupes armés en activité dans les maquis avoisinants sont réduits à organiser des attentats isolés et qui n'auraient jamais eu lieu sans le concours de réseaux de soutien qui activent au sein même de la population. Si on analyse, ne serait-ce que superficiellement, la cartographie des mouvements des groupes terroristes, l'on constate quasiment à chaque fois que les actes de terrorisme sont particulièrement concentrés à Boumerdès avec ses chaînes de montagnes qui vont jusqu'en Kabylie en passant par Bouira. Quelque 70 personnes ont été tuées depuis le mois d'octobre dernier en Algérie. En faisant un décompte très simple, l'on remarque que la majorité des attentats ont été perpétrés entre Boumerdès et Béjaïa, soit sur un périmètre de 250 km. La wilaya de Béjaïa qui a été relativement épargnée par le terrorisme, même quand le phénomène faisait rage à travers tout le pays dans les années 90, connaît actuellement un regain de violence terroriste jamais égalée dans toute l'histoire de la région. L'ex-«émir» du Gspc, Sahraoui, en compagnie de ses principaux lieutenants, avaient bien été abattu par les forces spéciales de l'ANP dans la région de Beni Ksila (Béjaïa). Si la «direction» du Gspc avait décidé en ce temps-là de s'installer dans cette région, c'est parce qu'il y a une bonne raison. Durant un peu plus de deux années, les services de sécurité étaient occupés dans la gestion de la crise de Kabylie. La gendarmerie qui était à l'avant-garde dans la lutte antiterroriste, était contrainte de rester dans les brigades. Ce laps de temps marqué par l'absence de la gendarmerie sur le terrain a permis à tous les terroristes encore en activité de venir se réfugier dans les maquis de cette wilaya qui découvre soudainement l'horreur avec l'assassinat de près d'une dizaine de gendarmes à Boulimat sur la côte ouest de Béjaïa et autant de militaires quelque temps après sur le même tronçon. En effet, deux années ont largement suffi aux terroristes pour creuser des caches et des casemates mais surtout la période des «événements de Kabylie» a permis aux sanguinaires de s'infiltrer au sein même de la population, en constituant des réseaux de soutien notamment dans la ville d'El Kseur située au pied de chaînes de montagnes utilisées comme bases de repli par les terroristes. Plusieurs hold-up ont été perpétrés dans cette ville durant la même période. C'est dire que les terroristes connaissaient parfaitement le terrain et disposaient même d'une logistique qui leur permettaient de s'évanouir dans la nature, une fois leur forfait accompli. Cependant toutes leurs tentatives de recruter de nouvelles recrues au sein de la population se sont avérées vaines. Déjà dans les années 90, la Kabylie était le bastion de la lutte pacifique contre l'islamisme radical. Mis à part quelques individus qui ont servi de réseaux de soutien et qui ont été vite démantelés par les services de sécurité, le Gspc n'a réussi à recruter aucune personne pour monter au maquis, durant la période où la Kabylie était quasiment en dissidence avec le pouvoir central. Aujourd'hui, force est de constater, analysent les observateurs, que les différentes «phalanges» qui écument encore la région de Boumerdès, la Kabylie et quelques localités de l'est du pays se sont reconvertis beaucoup plus dans les braquages, les hold-up, les kidnappings avec demande de rançon qu'autre chose, à l'exception peut-être des attentats perpétrés contre des éléments des services de sécurité, particulièrement quand ces derniers sont désarmés. Il restera bien évidemment que les terroristes encore en activité, très mobiles, sont plus que jamais nuisibles et représenteront toujours un danger, car ceux d'entre eux qui ont opté pour la confrontation avec l'Etat sont beaucoup plus mus par le désir de s'enrichir sachant que, tôt ou tard, les différents services de sécurité finiront par les éliminer.