«L'enseignement de la langue tamazight n'a pas été pris en charge sérieusement». C'est en ces termes que le secrétaire général du Haut Commissariat à l'amazighité M.Youcef Merahi a qualifié la situation dans laquelle se retrouve actuellement l'enseignement de cette langue. Il est, en effet, inexplicable de se retrouver avec une centaine de postes vacants alors que cette langue a été introduite dans le cursus scolaire depuis 1995, s'accordent à dire les intervenants qui ont participé à la séance de travail tenue, hier, au ministère de l'Education. Le ministre, quant à lui, ne nie pas que cette langue a été introduite de manière désorganisée du fait de la situation sociopolitique de l'époque. Toutefois, il se dit disponible pour lever tous les verrous qui empêchent l'évolution de cette langue à condition qu'on procède à une évaluation «scientifique» de la situation. «Nous sommes conscients que tamazight fait partie de notre identité, l'Etat algérien par le biais de mon ministère s'engage à soutenir l'enseignement de tamazight en lui procurant tous les moyens nécessaires et indispensables pour son évolution». Et d'ajouter: «Je demande la mise en place d'une commission d'évaluation afin que je puisse m'imprégner des réels problèmes de cette discipline et pouvoir les solutionner». En plus du problème d'encadrement évoqué lors de cette réunion, le SG du HCA ainsi que le directeur de l'enseignement de base s'interrogent sur la problématique de l'optionnalité (facultativité de cette langue). «Dix ans après le lancement de cette langue, elle reste toujours au choix», martèle M.Merahi et d'ajouter: «L'introduire à partir de la 4e année primaire alors que le français est enseigné en 2e année ce n'est pas normal. Faut-il comprendre que le tamazight est considéré comme une langue secondaire?» En réponse à ces interrogations, le ministre reste formel: «On ne peut pas généraliser cette langue alors qu'on manque d'encadreurs. On ne doit pas tomber dans les erreurs du passé. On est appelé à suivre des étapes pour réussir cet enseignement», a-t-il dit. M.Benbouzid se dit disponible pour régler le problème des vacataires de cette discipline quitte à faire le point sur des textes de lois régissant ce secteur, rappelant qu'au début du lancement de cette discipline, des enseignants ont été recrutés sans aucune qualification. «Nous avons dispensé des formations à ces enseignants pour les doter d'un diplôme leur permettant d'être permanisés», indique le ministre. Par ailleurs, il lance un appel à tous les licenciés dans d'autres spécialités voulant se reconvertir dans cette discipline à déposer leur candidature pour suivre une formation et par la suite intégrer le secteur. Concernant l'intervention de M.Adel, directeur de l'enseignement de base, elle a été basée sur des propositions susceptibles de pallier les dysfonctionnements de la langue. Il s'agit de la mise en place d'un dispositif de recrutement et de formation des encadreurs, la mise en place d'une carte géopédagogique stable (ciblage des écoles et des classes) et enfin la mise en oeuvre d'une nouvelle stratégie de prise en charge de la langue notamment en matière de disponibilité de l'enseignement de tamazight dans toutes les variantes et les graphies. Afin de rassurer ses convives, le ministre de l'Education décide de créer une sous-direction au sein du ministère qui s'occupera exclusivement des problèmes rencontrés dans cette discipline.