les algériens sont sortis par millions Rien ne laissait présager que l'élection présidentielle qui devait se dérouler le 18 avril allait accoucher d'un mouvement à caractère «révolutionnaire» qui aspire désormais à faire table rase du système. Que de chemin parcouru depuis le 22 février. Une date que l'histoire retiendra indéniablement. Ce jour-là les algériens sont sortis par millions, sous le regard ébahi des médias nationaux et internationaux, pour demander à l'ex-président de la République de renoncer à un cinquième mandat. Sa candidature étant déjà actée, avec à la clé un staff de campagne composé de personnalités de premier plan, gage d'une victoire qui ne pouvait lui échapper. Abdelaziz Bouteflika sera hospitalisé en Suisse pour y subir des «examens de routine» le 24 février. L'acte I des marches pacifiques hebdomadaires qui se tiennent tous les vendredis venait de se jouer. Il ne rentrera au pays que le 10 mars pour annoncer qu'il ne briguera pas un nouveau mandat. Il annule l'élection prévue pour le 18 avril et annonce qu'il prolongera son mandat pour mener la période de transition. Il proposera une feuille de route et des réformes qui doivent aboutir à une élection présidentielle anticipée. Trop tard. Les Algériens dans leur grande majorité y opposeront une fin de non-recevoir. Leur mouvement se radicalise. C'est tout le système qui doit tomber. La démission du Premier ministre Ahmed Ouyahia ne diminuera en rien une pression de plus en plus exceptionnelle et étouffante. Une situation trop lourde à supporter. Le président de la République finit par céder. Il démissionnera le 2 avril. Une situation qui ouvre la voie à l'application de l'article 102 de la Constitution pour pallier la vacance de la Présidence. Le président du Sénat est désigné pour assurer une période de transition qui ne doit pas excéder 3 mois. Dans la foulée il annonce une élection présidentielle pour le 4 juillet et des consultations pour sa préparation et son organisation. Une feuille de route qui sera rejetée en bloc. La tête de Abdelkader Bensalah, figure symbolique du système proche de l'ex-président, est réclamée à chaque manifestation comme l'est celle du Premier ministre Noureddine Bedoui et de son gouvernement. Tayeb Belaïz, président du conseil constitutionnel et fidèle parmi les fidèles de Abdelaziz Bouteflika jettera l'éponge. Cette exigence satisfaite n'entamera en rien la formidable dynamique du Hirak qui comme une tempête tend à balayer tout sur son passage. Les dommages collatéraux sont impressionnants. D'anciens ministres sont visés par des affaires de justice dans le cadre d'une campagne anti-corruption inédite dans l'histoire de l'Algérie indépendante. Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat aujourd'hui sénateurs du tiers présidentiel sont sur le point de voir leur immunité être levée. Des chefs d'entreprise, des hommes d'affaires (Issad Rebrab, Ali Haddad, les frères Kouninef, ont été arrêtés. D'autres sont sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire national. Abdelmoumen Ould Kaddour P-DG de Sonatrach, a été limogé, Hamid Melzi ex-directeur général de la SIH (Société de l'investissement hôtelier), a été limogé de la direction de la résidence d'Etat du Club des pins... La liste devrait encore s'allonger. La redoutable force de frappe du Hirak est restée intacte...