Le juge d'instruction militaire près le tribunal militaire de Blida a ordonné le placement en détention provisoire de Tartag, Toufik et Saïd Bouteflika pour «atteinte à l'autorité de l'Armée» et «complot contre l'autorité de l'Etat». Alors que toute la presse imprimée et électronique nationale et internationale diffusait en manchettes et en boucle l'information de l'arrestation du général à la retraite Mohamed Mediène, Saïd Bouteflika et du général Athmane Tartag, un silence tombal a été observé par les médias officiels. Tenue en haleine pendant 24 heures, l'opinion publique a été sevrée avant d'être servie à la louche. Dans l'après-midi d'hier, la Télévision nationale a diffusé en boucle des images, incroyables, surréalistes. Il fallait écarquiller les yeux et se pincer même la peau pour vérifier qu'on ne rêvait pas, qu'on est réellement éveillés. Voir les trois hommes les plus puissants d'Algérie monter les escaliers du tribunal, allant à la rencontre du juge, n'est pas une simple image. L'impact est trop fort sur l'opinion. On voyait en premier le général Toufik. Portant une jaquette bleue, le pas rapide et l'échine légèrement courbée, Toufik ne donnait pas l'impression d'un homme résigné à son sort. Pour son âge, il fêtera ses 79 ans dans 9 jours, il est vif et alerte surtout quand il signifie d'une manière sèche à son accompagnateur qui le tenait par le bras d'ôter sa main. Il était suivi par Saïd Bouteflika en jean qui semblait légèrement crispé. Il avait un document à sa main gauche qu'il était probablement en train de lire puisqu'il portait des lunettes pendantes. Nonchalant, en pantalon classique et chemise bleu ciel, le général Tartag a été le dernier à être montré sur ces images escaladant les marches du tribunal. Comme Toufik et Saïd Bouteflika, il était lui aussi accompagné d'un homme au visage flouté. L'on comprend maintenant qu'il y a une stratégie de communication bien ficelée. A voir les plans de diffusion de ces images, le nombre de caméras placées pour l'événement l'on comprend également qu'il y a une gestion performante de ces images dont l'impact sera inévitablement très fort. Et pour compléter ces images, un communiqué de la Cour d'appel militaire est venu appuyer les faits. Ainsi, le juge d'instruction militaire près le tribunal militaire de Blida a ordonné, le placement en détention provisoire de Athmane Tartag, Mohamed Mediène et Saïd Bouteflika pour «atteinte à l'autorité de l'Armée» et «complot contre l'autorité de l'Etat», indique ce communiqué. «Conformément aux dispositions de l'article 11, alinéa 3 du Code de procédure pénale, et dans le cadre du strict respect de ses dispositions, M. le procureur général militaire près la cour d'appel militaire de Blida porte à la connaissance de l'opinion publique qu'une poursuite judiciaire a été ouverte ce jour, 5 mai 2019, à l'encontre des nommés Athmane Tartag, Mohamed Mediène et Saïd Bouteflika», indique le même communiqué soulignant que «pour les besoins de l'enquête, le procureur militaire de la République près le tribunal militaire de Blida a chargé un juge d'instruction militaire d'entamer la procédure d'instruction, et après mise en inculpation, ce dernier a rendu des mandats de placement en détention provisoire à l'encontre des trois prévenus». Pour rappel, l'article 284 du Code de justice militaire stipule que «Tout individu coupable de complot ayant pour but de porter atteinte à l'autorité du commandant d'une formation militaire, d'un bâtiment ou d'un aéronef militaire, ou à la discipline ou à la sécurité de la formation, du bâtiment ou de l'aéronef, est puni de la réclusion criminelle de cinq (5) à dix (10) ans. Il y a complot dès que la résolution d'agir est concertée et arrêtée entre deux ou plusieurs individus. Le maximum de la peine est appliqué aux militaires les plus élevés en grade et aux instigateurs dudit complot. Si le complot a lieu en temps de guerre, ou sur un territoire en état de siège ou d'urgence, ou dans toutes circonstances pouvant mettre en péril la sécurité de la formation, du bâtiment ou de l'aéronef, ou a pour but de peser sur la décision du chef militaire responsable, le coupable est puni de mort».