Trois semaines avant la tenue des élections européennes, un scrutin décisif pour le président français Emmanuel Macron et pour son mouvement politique, la REM, la présidente du rassemblement national, ex Front national, Marine Le Pen, considère qu'elle a plus que jamais le vent en poupes. Elle relance, du coup, l'idée d'un front commun, à défaut d'un programme, auquel elle invite l'ensemble des forces réactionnaires du vieux continent à participer activement. C'est ainsi qu'elle tendait la main, hier, au Premier ministre national-conservateur hongrois Viktor Orban ainsi qu'au gouvernement conservateur polonais, à la faveur d'un meeting de campagne qu'elle a tenu...à Bruxelles.»Tout ceux qui se disent aujourd'hui: «En fait, ils (c'est à dire les partis extrémistes affiliés au Parlement européen et regroupés au sein du collectif «Europe des Nations et des Libertés» dont fait partie le Rassemblement national) avaient raison et nous allons les rejoindre», ils sont les bienvenus, nous leur tendons la main»» a affirmé la cheffe du RN, enhardie par la perspective d'une victoire annoncée lors du scrutin du 26 mai, en France. Présente solidairement aux côtés du parti d'extrême-droite flamand, Vlaams Belang, son allié au Parlement de Strasbourg, elle en a profité pour haranguer les autres mouvements en visant expressément l'imprévisible chef du gouvernement magyar. «C'est à Monsieur Orban de voir s'il se trouve plus en cohérence politiquement avec des membres du PPE (Parti populaire européen, droite) qui ont voté contre lui, qui ont voté la relocalisation forcée des migrants dans les pays (...) ou s'il se sent plus en cohérence politiquement avec des mouvements tels que les nôtres», a-t-elle plaidé, sur un ton volontiers provocateur... C'était là un geste calculé car, en remuant le couteau dans la plaie, Marine Le Pen cherche à profiter du fait que le Fidesz de Viktor Orban est toujours membre du groupe conservateur, même s'il en a été suspendu en mars pour cause de...dérapages europhobes. Orban a exaspéré ses homologues européens en s'affichant ouvertement, le 2 mai dernier, aux côtés du leader de l'extrême droite italienne et néanmoins ministre de l'Intérieur Matteo Salvini auquel il a promis de lancer une «étroite coopération» après le déroulement des Européennes, en vue de promouvoir un axe anti immigration radical. Du coup, ses propos lors d'un entretien accordé à l'hebdomadaire français Le Point dans lequel il écartait catégoriquement tout contact passé et futur avec Marine Le Pen semblent de moins en moins crédibles. «En aucun cas, il n'y aura d'alliance entre son mouvement et le Rassemblement national» avait-il tenu à prophétiser. Ce n'était pas là matière à impressionner la cheffe de l'extrême droite française qui multiplie le racolage dans toutes les directions, ciblant tout particulièrement les mouvements similaires dont lma montée en Europe a été particulièrement spectaculaire au cours des trois dernières années, notamment en Hollande, au Danemark, en Belgique et plus encore en Italie et en Pologne. Reste l'Allemagne où les forces extrémistes ont réalisé une grande percée sans parvenir pour autant à asseoir une représentation suffisamment forte pour postuler au front commun dont rêve l'égérie de l'ex-Front national. Surtout que les extrémistes polonais s'en méfient au plus haut point, voyant d'un mauvais oeil ses relations avec Matteo Salvini et ses appels du pied à la Russie.