Les trois partis de l'alliance présidentielle ne sont pas partants sur la proposition du groupe d'El Islah qui a déposé un texte au bureau de l'APN. Un groupe de militants d'El Islah, qui sont entrés en dissidence contre le président du parti, Abdellah Djaballah, ont déposé un projet de loi pour contrer la loi française du 23 février glorifiant le colonialisme. Selon l'un de ses initiateurs, Djamel Abdesselem, ce projet est réparti en 27 articles. Il se base essentiellement sur la déclaration universelle des droits de l'Homme, propose une classification des crimes contre l'humanité et pose un préalable au traité d'amitié que s'apprêtent à signer la France et l'Algérie. Les initiateurs du texte ont pris attache avec les partis politiques, les personnalités historiques ainsi que les représentants les plus en vue de la société civile dans l'objectif d'élargir leur audience en ouvrant une pétition, avec l'ambition de recueillir 1,5 million de signatures. Le chef du groupe parlementaire du FLN, Layachi Daadoua, indique que ce groupe leur a transmis le texte en question mais il tient à souligner que la loi du 23 février concerne d'abord les Français, «S'ils enseignent à leurs enfants les bienfaits du colonialisme, cela les concerne». Les Algériens, par contre, «n'ont pas attendu cette loi pour enseigner à leurs enfants les méfaits du colonialisme, nous le faisons depuis l'indépendance, et tous les livres d'histoire sont clairs à ce sujet», précise-t-il. Cependant, nonobstant l'article 4, sujet de polémique, les articles 1, 2, 3 et 5 incitent à la punition ceux qui ont trahi leur patrie. «Mais le plus décevant dans tout cela est le propos d'un député français qui fait le lien entre les soins prodigués au président à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce et le côté positif du colonialisme. Faut-il rappeler que les constructions ont été faites par nos biens, par l'expropriation continue de nos richesses?», s'interroge-t-il. S'agissant de la proposition d'El Islah, Daadoua ne voit pas vraiment l'utilité. «A supposer que cette loi aboutisse, permettrait-elle de juger ou de condamner quiconque? Vraisemblablement non», ajoute-t-il, «ce qui nous intéresse en premier lieu est le traité d'amitié entre les deux sociétés. Le président Chirac a pris des initiatives dans ce sens en invitant le président de l'Assemblée nationale française à revoir le concept de codification de l'histoire. Ce sont des initiatives encourageantes.», conclut-il. Le président du groupe parlementaire du MSP, Abdelhak Boumedjra, reconnaît à son tour que les initiateurs de la proposition du projet de loi l'ont contacté mais avoue ne pas saisir le sens de pareille proposition. «Il n'est pas logique de faire une loi qui sera destinée à être appliquée par un autre pays. Ils ont leurs lois propres. Nous avons les nôtres». Il abonde dans le même sens que son confrère du FLN en rappelant que l'Algérie n'a pas attendu la loi pour «faire les livres d'histoire destinés aux écoliers où il est clairement souligné, dans chaque page, les méfaits du colonialisme». Il conditionne également le traité d'amitié à cet aspect de la loi française. Le MSP revendique «des relations saines, sans aucun complexe d'infériorité, et ceci n'a pas besoin de loi». Il propose par contre un débat, même à l'hémicycle, qui pourrait aboutir à une pétition de condamnation. «Mais aller jusqu'à faire une contre-loi, cela n'a aucun sens», conclut Boumedjra. Le président du groupe du RND, Achour Chorfi, s'est contenté de dire que cette proposition «est une vieille histoire», en refusant de faire le moindre commentaire tant que le bureau de l'APN ne s'est pas prononcé. Au bureau de l'APN, rien n'a été programmé. La maladie du président a mis dans la gêne les responsables des deux chambres du Parlement d'autant qu'il a été soigné en France. Cette situation semble freiner les ardeurs des militants du principe de réciprocité y compris dans la rédaction des textes de loi.