Les produits qui ne trouvent pas acheteur, deviennent une «vedette». Le Ramadhan est le mois où tout se vend. Les chasseurs de métiers rentables, innovent chaque année, pourvu qu'ils arrivent à rentabiliser le mois sacré. Ce sont des dizaines de locaux et de places qui se transforment, durant le mois de Ramadhan, en véritables souks de pâtisserie traditionnelle et autres victuailles, étalées par les «professionnels du gain rapide», spécialisés dans l'exploitation des jeûneurs et leurs envies. Les produits qui ne trouvent pas acheteur durant toute l'année, deviennent soudainement une «vedette». La zalabia, entre autres, petites gâteries sucrées grignotées après la rupture du ftour. Hichem est l'un de ces fabricants saisonniers de zalabia à Annaba, et il est fier d'affirmer que sa recette est son secret familial, conservée depuis plusieurs générations. «J'ai hérité de mon père le métier avec la recette, un métier familial depuis plus de 60 ans», nous confie, avec fierté le jeune homme. «Aucune pâtisserie n'a réussi à détrôner la zalabia du Ramadhan, mais regrette que beaucoup de novices se soient mêlés de sa fabrication dans l'unique but de gagner des sous», déplore-t-il. Ajoutant que certains commerces n'hésitent pas à prendre leur congé durant le mois sacré, pour se consacrer à cette spéculation saisonnière, dont, entre autres, la vente de zalabia. Autres métiers foisonnants durant le mois sacré, la vente des feuilles de diouls, appelés aussi khatfa, destinés à enrober la farce du bourek. Un métier qu'exerce Soumaya, chaque Ramadhan, depuis 15 ans. La propreté et le travail signé de cette dame, lui valent chaque Ramadhan, et même au-delà du mois sacré, une demande d'une clientèle bien appropriée. Le commerce de la galette est aussi un métier rapporteur. «El Kessra», pétrie avec un peu d'huile ou montée à la levure, a également ses amateurs qui l'achètent à des femmes au foyer, qui développent en l'espace d'un mois, des boulangères à domicile. Les clientes de Radia apprécient beaucoup sa galette et sont abonnées pour tout le mois de Ramadhan. Ce qui lui assure l'écoulement de toute la production de galette, tant de «rakhsis» que de «matloue». Même les ustensiles de cuisine sortent du commerce légal, pour se retrouver entre les mains de nouveaux vendeurs. Ces derniers sont chargés, par des commerçants voulant écouler le maximum de leurs produits, dont les ustensiles de cuisine entre autres. Pour ces commerçants, le Ramadhan est le moment propice. Pour cela, ils cèdent leur marge bénéficiaire aux petits revendeurs. Une démarche que beaucoup de commerçants qualifient, de «période généreuse pour tous». Outre ces métiers occasionnels, le Ramadhan est aussi une opportunité pour de nombreux marchands ambulants. Ces derniers se spécialisent durant ce mois «favorable» à l'augmentation des prix et la diversification de la vente des fruits de saisons et/ou de fruits tropicaux d'importation. Certains de ces vendeurs n'embrassent cette profession que durant le mois de Ramadhan, profitant des envies et caprices ramadhanesques des jeûneurs. Ainsi, les métiers rentables foisonnent chaque Ramadhan où la concurrence devient rude entre les commerçants réguliers et les «saisonniers» opportunistes, voire même parasites. La plupart de ces commerçants ne détiennent pas de registre du commerce en bonne et due forme. L'essentiel pour ces revendeurs, c'est de s'assurer un mois de Ramadhan plus ou moins agréable. Car convient-il de noter que le foisonnement des métiers liés au mois de Ramadhan, n'est autre que le titre du niveau social de ces revendeurs occasionnels. Un niveau de vie, le moins que l'on puisse qualifier de précaire, en raison du faible pouvoir d'achat, auquel sont confrontés les ménages.