On s'y attendait, depuis plusieurs semaines, on envisageait la saisine du Conseil constitutionnel dont le constat ne peut être qu'une formalité logique, eu égard à la forte probabilité de l'absence totale de candidats pour la présidentielle du 4 juillet prochain et on s'interrogeait sur la suite des évènements, à l'aune du respect de la Constitution qui, par bien des aspects, s'avère perfectible par rapport à un tel scénario. Maintenir une élection sans candidat? Une galéjade qui prêterait à rire, s'il n'y avait l'enjeu dramatique pour notre pays. La reporter? Pour combien de temps, et dans quelle optique, puisque les mêmes conditions qui auront conduit à son échec programmé seront toujours là, avec les mêmes effets, sans doute aucun? Les regards sont une nouvelle fois, tournés vers l'armée et le commandement militaire qui n'a cessé de mettre en garde contre les dangers d'un vide constitutionnel et plaidé pour une démarche politique responsable, nourrie par la volonté populaire autant que par le souci de sauvegarder les intérêts supérieurs de la nation. Un discours qui n'a pas eu l'air de satisfaire certains pans du Hirak, notamment ceux qui répètent, chaque vendredi, les slogans du «dégagisme» à l'encontre de «tout le système». Pour l'heure, il semble bien qu'on s'achemine vers un remake de la situation vécue en 1992, au cas où un dialogue n'est pas instauré entre toutes les forces vives (armée, partis, société civile, Hirak), en vue d'aboutir à un programme consensuel de sortie de crise. La démarche la plus sage consisterait à mettre en place une période de transition, menée par des compétences nationales et dont la mission serait d'opérer les mécanismes nécessaires pour une convocation sereine d'une élection présidentielle «transparente et honnête». Le fait est que la situation actuelle en Algérie est suivie à la loupe par bon nombre de pays, attentifs à la suite des évènements. On sait parfaitement qu'un régime démocratique en Algérie est perçu comme un danger qui viendrait compromettre beaucoup d'intérêts, notamment ceux des monarchies du Golfe. Dans le même temps, un vent de démocratie réelle signifie, aux yeux de certaines capitales, le risque d'une instabilité chronique qui aggraverait le dilemme de la migration dans une région méditerranéenne déjà traumatisée par ce phénomène en constante évolution. Pourtant, il n'y a pas d'autre choix, ni d'autre voie, que celle-là, consacrée le 22 février par une revendication populaire majeure. Et c'est au peuple souverain qu'il incombe, au premier chef, de veiller à la protection de cette démocratie balbutiante.