Les choses sont presque à l'arrêt. L'administration avance au ralenti. Ce rythme risque d'avoir un grand impact sur la gestion des affaires de l'Etat. Première conséquence : le projet de loi de finances 2020 est à la traîne. «D'habitude en ce moment le projet de loi de finance est au niveau du gouvernement, mais cette fois-ci il n'est même pas à un stade avancé», nous confie une source du département des finances. Pourtant, il constitue le principal chantier du gouvernement pour la période à venir. L'élaboration de la politique budgétaire de l'Etat pour la prochaine année est victime des derniers changements opérés au niveau des différentes directions de la douane, des impôts et des sous-directions. «La nomination des responsables qui ne sont pas spécialisés dans le domaine de la finance et de l'impôt influe beaucoup sur le rythme du travail et laisse traîner les dossiers», avoue notre source. Le département des finances doit rattraper ce retard dans les prochaines semaines pour élaborer le budget annuel de l'Etat de 2020. Cette mission est loin d'être un simple exercice. Intervenant dans une conjoncture politique et économique très particulière, marquée par un déficit budgétaire énorme, le recul des recettes économiques et devant l'ampleur des affaires de corruption qui dévoilent au fur et à mesure les montants énormes détournés, les architectes du projet de loi de finances seront face à un véritable casse-tête chinois. Le budget de l'Etat est défini selon les besoins de chaque département ministériel et les recettes des exportations des hydrocarbures. Un autre responsable reconnaît que le Mouvement populaire et l'incarcération de hauts responsables ont vivement influé sur le moral de l'administration. Un état de psychose s'installe. «Personne ne signe quoi que ce soit, les anciens comme les nouveaux responsables ont la phobie des engagements sur document», a reconnu un responsable d'un office. Ce gestionnaire souffre de la lenteur des procédures. «Pour le paiement des factures dont le montant est aussi important, ils nous font attendre des semaines», avoue-t-il en soutenant que le climat qui règne pèse lourdement sur la gestion des affaires de l'administration. Le feuilleton des incarcérations des hauts responsables et des dizaines de cadres fait sérieusement craindre le pire aux responsables en place. «On ne sait plus à quoi s'attendre», affirme un cadre ministériel. Effectivement, l'administration est presque bloquée à tous les niveaux. De la tutelle en passant par les directions jusqu'aux assemblées élues, les choses sont sérieusement à la traîne pour ne pas dire, à l'arrêt. L'opération de renouvellement des marchés avec les différents fournisseurs est presque suspendue. «Avec les enquêtes en cours, les responsables ont du mal à s'engager dans des marchés qui sont estimés à coups de milliards et même de millions», avance le responsable d'un office. Pour une simple transaction, la procédure fait l'objet de plusieurs vérifications afin de s'assurer de sa conformité avec la réglementation en place. Selon une source au niveau des impôts, des enquêtes sur le patrimoine des personnes sont en cours pour déterminer l'origine des fonds. Des propriétaires de cliniques et de grands établissements privés sont dans l'œil du cyclone.