La frénésie des prix du mouton a commencé jeudi à Annaba, dans les différents marchés à bestiaux installés ici et là, notamment à la cité Seybouse, Boukhadra et El Hadjar. Ce sont les maquignons de Tamlouka, et Djelfa, qui en l'absence d'une organisation du monde des éleveurs, impose comme chaque année en pareille circonstance, leur diktat dans la pratique des prix, n'obéissant ainsi à aucune réglementation existante en dehors de la leur. Ces commerçants d'occasion s'enrichissent comme toujours sur le dos des familles qui, foi en Dieu oblige, accomplissent leur devoir en pratiquant en bon musulman la sunna en se soumettant à la loi des maquignons. A titre d'exemple, un mouton a été vendu à un nanti pour 38.000 DA. Que peut faire un père de famille devant cette fièvre des prix qui monte chaque jour un peu plus. Un agneau, apprécié pour sa tendre chair, coûte entre 18.000 et 20.000 DA. Quant au bélier, il dépasse largement les 35.000 DA. De nombreux pères de famille, et il faut le dire, esclaves des caprices de leurs enfants, sont rentrés bredouilles, voire même déçus par cette flambée des prix qui leur donne le vertige. Pour la plupart des familles à faibles revenus, le fait de célébrer le rituel est devenu un acte difficile à accomplir. La vie est de plus en plus difficile, et grand nombre de familles n'arrivent pas à se nourrir convenablement, en raison du pouvoir d'achat et qui ne ménage pas les faibles revenus. Dieu merci, l'esprit de solidarité n'a pas disparu, comme l'illustre le geste d'un homme qui, dans la discrétion et l'anonymat que recommande notre religion, a acheté 5 moutons dont il va en faire don aux familles démunies, surtout dans pareilles circonstances. On imagine qu'un maquignon qui gagne 10.000 DA de bénéfice sur une tête, n'est pratiquement rien par rapport à un don fait de bonne foi, et qui, au bout, sème la joie et le bonheur dans le coeur d'une famille nécessiteuse. Le monde appartient à ceux qui ont un coeur clément et qui savent faire bon usage de cette clémence.