Il sera difficile de rétablir la confiance entre les grands épargnants et les futures banques privées. Le ministre des Finances, Mourad Medelci, a tranquillisé les petits déposants au niveau des établissements qui viennent d'être dissous sur ordre de la commission bancaire. «Les épargnants dont le montant du dépôt est inférieur ou égal à 600.000 DA seront remboursés par l'Etat, selon la réglementation en vigueur», a rassuré le ministre des Finances, lors d´une séance de questions orales organisée jeudi, à l'APN. «Il y a des efforts de la Banque centrale pour contrôler les fonds des banques et des établissements financiers privés», a ajouté Medelci, soulignant toutefois, que la disparition de ces deux établissements de la place bancaire allait être "sans incident sur le niveau global des financements bancaires". Si les petits épargnants trouvent leur compte dans cette décision de l'Etat, il n'en est pas de même pour les grands épargnants, ceux dont le montant dépasserait les 600.000 DA. Cette énième décision de dissoudre une banque privée et de ne rembourser que les petits épargnants n'est pas de nature à rassurer les futures banques privées qui comptent s'installer en Algérie. Chat échaudé craint l'eau froide. En effet, il sera difficile de rétablir la confiance entre les grands épargnants algériens et ces futurs établissements financiers, et ce, quelles que soient les garanties que ces établissements offrent et quelle que soit leur solvabilité. Cela d'une part, de l'autre, c'est le questionnement sur la réforme bancaire et sa réussite qui revient en surface. Alors que les textes de lois, des projets et des déclarations faisaient état d'une avancée notable dans ce secteur hautement sensible pour la nouvelle orientation de l'économie nationale, voilà que les choses semblent revenir au point mort. Inévitablement, la mise en liquidation des banques privées qui ne sont pas parvenues à libérer le capital minimum requis par le Conseil de la monnaie et du crédit, relance le débat sur l´efficacité de la réforme bancaire engagée depuis plus d'une décennie. Le principal grief retenu contre les deux dernières banques privées dissoutes, Mouna Bank et Arco Bank, a été la capitalisation. Le ministre a expliqué que ces deux banques, "n'ont pas pu s´adapter au nouveau règlement qui porte à 2,5 milliards de DA le capital minimal exigé pour la création d´une banque, contre 500 millions de DA exigés auparavant". Ce règlement de la Banque d´Algérie qui date de mars 2004 impose aux banques un capital minimum de 2,5 milliards de DA et de 500 millions de DA aux établissements financiers, au lieu de 100 millions auparavant. Il devient obligatoire à partir de mars 2006, à l´ensemble des banques agréées ayant obtenu un délai de deux ans pour augmenter leur capital au niveau réglementaire requis afin qu´elles puissent mieux faire face à leurs obligations et éviter toute dissolution. Après Mouna Bank et Arco Bank, en décembre dernier, trois autres banques agréées ont été dissoutes depuis 2003. Il s'agit de Khalifa Bank,de la Banque commerciale et industrielle algérienne (Bcia) et, tout récemment, la Compagnie algérienne de banque (CA Bank). A ces banques, il faut ajouter deux établissements financiers, Union Bank et Algerian International Bank.