Le numéro 2 d'Al Qaîda est un «djihadiste convaincu», d'où la difficulté de le prendre vivant. L'information donnée en prime time par le président pakistanais, Parvez Musharraf, lui-même, et qui annonce qu'une «très importante personnalité d'Al-Qaîda est encerclée», a fait le tour des rédactions et des médias ces dernières quarante-huit heures. «Nous pensons qu'il pourrait y avoir une cible de grande importance», a commencé par dire le général-président. Rectification immédiate de ses proches collaborateurs: «Ce n'est pas Oussama Ben Laden. En revanche, son numéro deux, Ayman El-Zawahiri est encerclé.» L'indice qui a mis les troupes pakistanaises sur une telle piste est que «les rebelles d'Al-Qaîda combattent avec un extraordinaire acharnement». Cette indication renseigne sur la présence d'un chef militaire très important dans l'organigramme d'Al-Qaîda. Selon un chef militaire pakistanais, encore présent hier dans la zone tribale du Sud-Waziristân, en bordure de la frontière afghane, «on ne sait pas avec précision qui se trouve au milieu des hommes qui combattent avec un tel acharnement, mais on sait qu'il s'agit d'un chef très important». A force de persévérer dans ses recherches de «cible importante», l'armée pakistanaise a fini par tomber sur tout un contingent d'Al-Qaîda. Au moins un millier d'hommes de l'armée pakistanaise a investi les zones comprises entre les villages de Kalushak et d'Azam Wardak, appuyés d'unités paramilitaires, d'armement lourd et de troupes héliportées. Le premier bilan des accrochages donne une cinquantaine de morts, dont dix autres côté pakistanais, ce qui dénote du degré intense des accrochages qui durent maintenant depuis une semaine. Le flou de l'information donne à penser que finalement, il peut s'agir de n'importe quel chef ou d'un simple chef de contingent, car cela fait au moins deux ans qu'Al-Qaîda a adopté la «stratégie de l'essaimage» qui donne de larges prérogatives aux chefs locaux pour recruter, cibler, planifier et perpétrer des attentats là où ils se trouvent et avec les gens qu'ils peuvent «faire travailler sur place». Le parcours djihadiste d'El-Zawahiri ne permet pas, toutefois, d'affirmer que celui-ci se rendra aux armées pakistanaises ou qu'il sera pris vivant. Le bras droit, l'ami et le médecin d'Oussama Ben Laden est un djihadiste convaincu, qui connaît tout d'Al-Qaîda, qu'il a fondée en 1989 avec Ben Laden et un groupe restreint de chefs militaires et de théoriciens de l'islamisme radical et actif. Tout cela ne permet pas de se faire à l'idée un Zawahiri se rendant aux autorités pakistanaises, puis remis à l'armée américaine pour passer à l'«exploitation» et finir ses jours à Guantanamo. Le profil de l'homme comme celui de Ben Laden, d'Abou Hafs El-Misri (Mohamed Atef) ou du mollah Omar suggère plutôt une fin «en martyr du djihad», vocation à laquelle se vouent ces chefs de tout leur être.