Son département continuera à s'occuper de cette catégorie sociale, de la protéger et de l'accompagner dans le train-train quotidien. Décidément, Ould Abbès, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, ne mâche pas ses mots quand il s'agit d'une affaire qui porte atteinte aux fondements et principes de la solidarité. En marge d'une visite d'inspection de deux centres spécialisés relevant de son département, Ould Abbès, interrogé par L'Expression sur l'affaire de la flagellation des mères célibataires, une question soulevée récemment au sein de l'APN par un député du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le ministre n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour mettre, encore une fois, les choses à leur place. Pour rappel, le député en question s'est attaqué aux femmes célibataires en préconisant «la flagellation» pour punir le «délit de rapport sexuel extraconjugal». Voilà, après dix années de terrorisme qui a endeuillé l'Algérie, que le fanatisme religieux tente encore inlassablement de revenir par la petite porte. Prises en charge par le département de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès dira en termes plus clairs et à qui veut l'entendre que ces mères victimes seront toujours prises en charge dans le cadre du plan de solidarité nationale. Etonnante attitude de la part d'un élu du peuple qui n'a pas hésité à afficher, même indirectement, ses convictions d'islamiste radical qui ne reconnaît que la charia comme seule inspiration juridique. Plus étonnant encore quand on sait que ce même élu du peuple, censé feuilleter au moins la Constitution, nage à contre-courant de ce que stipulent les lois de la République. Questionné par L'Expression, hier lors d'une escale à l'école nationale des jeunes aveugles d'El Achour, le ministre de la Solidarité n'a pas manqué l'occasion pour remettre les pendules à l'heure. D'un langage simple, il précise que son département continuera à s'occuper de cette catégorie sociale, de la protéger et de l'accompagner dans le train-train quotidien. Une façon, même indirecte, de revendiquer le statut de son département, tel que défini par les lois de la République. Plus explicite que jamais, il développe sans gêne aucune les différentes étapes de prise en charge des mères célibataires. Partant du principe que la bêtise est humaine, le ministre dicte le fonctionnement de ce mécanisme de prise en charge. «Nous sommes appelés à protéger et soutenir ces victimes lors de la grossesse, de l'accouchement, de l'allaitement et durant le cours normal de la vie», expliqua Djamel Ould Abbès. Cette solidarité continuera son cours pour accéder au foyer de la «victime». C'est-à-dire la solidarité nationale est prête à soutenir financièrement la famille de la «mère célibataire » si cette dernière se réclame «démunie». Mieux, le département de Ould Abbès s'engage, avec la collaboration de la justice, à rechercher la paternité de l'enfant. Cela aussi, pour renouer et officialiser la relation. Sans nul doute, les explications du ministre de la Solidarité nationale suffisent pour répondre et remettre ce député à sa place. «Nous ne condamnons pas et nous n'avons pas le droit de le faire», explique aussi le ministre qui s'oppose catégoriquement au fait que la mère célibataire soit soumise à la flagellation et/ou mise en prison. Ainsi, l'attitude et la suggestion du député du MSP sont en totale contradiction avec les actions de l'Etat sur la question des mères célibataires qui restent, indiscutablement, «des Algériennes à part entière». Sinon, à quoi sert la solidarité? Il sied de signaler que lors d'une visite au village d'enfants en détresse de Draria, dirigé par l'ONG autrichienne Kinderdorf, le ministre a promis toute l'aide pour remettre sur pied l'un des foyers engloutis récemment par les feux. Sur place, Djamel Ould Abbès a relancé cette ONG sur son projet, proposé en 1999, qui consiste à mettre en place d'autres établissements à travers le pays. A l'école des jeunes aveugles, unique en Algérie, le ministre a inauguré la bibliothèque sonore et braille et en a promis 18 autres à l'échelle nationale.