Les lots récupérés semblent avoir été réaffectés à quelques fonctionnaires de l'agence foncière. Chelghoum Laïd, une petite commune dépendante de la wilaya de Mila, continue, dans le temps et dans l'espace, à être le fief incontestable, vraisemblablement, des pratiques tant discriminatoires que véreuses. Particulièrement pauvre et isolée, cette petite localité a été le théâtre d'un énorme mouvement de protestation, au cours de l'hiver dernier, suite à la suspension d'un élu (maire) d'El Islah. Ce dernier avait, rappelons-le, été relevé de ses fonctions suite à une plainte déposée à son encontre par un locataire d'un kiosque appartenant à l'Etat. Ce dernier devait, en effet, quitter son commerce après expiration du contrat. L'APC étant engagée pour la construction d'un édifice devant regrouper toutes les administrations de la commune, a refusé au dit locataire de reconduire le contrat. Une décision qui ne semble pas avoir ravi le commerçant qui décide de porter l'affaire devant la justice. Suite à cet événement, le wali de Mila décide donc de suspendre le président de l'APC avant même qu'il soit entendu, en se basant sur l'article 32 du 11 février 1990 qui stipule: «Si un élu fait l'objet d'une poursuite pénale ne lui permettant pas de poursuivre valablement l'exercice de son mandat, il peut être suspendu.» Mais aujourd'hui qu'il a été acquitté, il n'est toujours pas restitué ainsi que ses deux adjoints. Il est vrai que l'on s'interroge sur le fond de cette pratique jugée douteuse par la population et par l'intéressé même, présent à notre rédaction avec documents. Il semble, si l'on se fie aux témoignages de certains, que les dépassements vécus par cette commune, privée même d'un hôpital depuis l'indépendance, sont érigés par des diktats, sinon comment expliquer cet autre problème relatif aux 50 lots de terrain réservés à l'Ugta qui ont été spoliés? En effet, on parle d'un grave déni de justice du fait que la dernière attribution de lots à bâtir concernant ce quota continue à susciter des interrogations, quand on sait, selon le témoignage de certains, que la liste des bénéficiaires est caractérisée par des «laissés-pour-compte». Deux des bénéficiaires, comme l'atteste le document en notre possession, ont été «gommés» de la liste, alors qu'ils ont été attributaires de deux lots de terrain individuels au titre du quota octroyé à l'Ugta, soit 50 parcelles dont cinq affectées au secteur sanitaire. Cependant, les deux bénéficiaires, disposés à s'acquitter du versement de la première tranche, ont malheureusement été surpris de constater qu'ils ont été dépossédés desdites attributions. Et c'est un combat qui commence. Après avoir effectué d'interminables chassés-croisés, le responsable de l'agence foncière de Chelghoum Laïd signifiera que les deux parcelles dépendent de l'union locale Ugta, dont le coordinateur recommandera aux deux bénéficiaires d'aller s'expliquer avec le SG de l'union de la wilaya, qui est député au Parlement. Cependant, personne n'est en mesure d'expliquer clairement aux deux «victimes» le «sens vrai» de cette décision. Ayant contacté ces deux concernés, ces derniers diront: «Cette cabale diabolique n'est pas étrangère aux traditions douteuses qui ont eu pour cadre le domicile même du coordinateur de l'union locale de l'Ugta qui attribue au gré de certaines connaissances et amitiés bien établies les ordres de versement à qui bon lui semble et qui agit, poursuivent-ils, sous les ordres du député et nous avons les preuves qu'il faut.» Les lots récupérés semblent avoir été réaffectés à quelques fonctionnaires de l'agence foncière qui les acquièrent à hauteur de 10% de leur valeur réelle (prix d'un lot de 220 m² à l'agence, 180 millions de centimes). Ces fonctionnaires, en témoignent certains, ne résident pas dans la commune et n'ont aucun lien avec le monde du travail. Cet acte qualifié d'intolérable n'est pas le seul dépassement à Chelghoum Laïd. Selon l'ex-président de l'APC et plusieurs habitants, cette petite commune est gérée par une vraie mafia. Il est souhaité des pouvoirs publics et de l'Etat qu'une commission d'enquête soit dépêchée par les instances concernées pour venir faire un constat sur les lieux.