Selon Ali Yahia Abdenour, aucune personne portée disparue n'a été trouvée dans les prisons algériennes. Elles sont vraisemblablement toutes décédées. C'est une sentence qui, invraisemblablement, va dans le même sens que celle de Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, qui, il ne fait pas longtemps, a refusé catégoriquement d'approuver le fait que des disparus croupissent dans des prisons algériennes, hypothèse défendue par plusieurs familles des disparus. C'est, en fait, le même avis articulé par Me Ali Yahia Abdenour, ex-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh). Selon Me Ali Yahia, une enquête a été menée par la Ligue et en fin de compte, il s'est avéré qu'aucune personne portée disparue n'a été trouvée dans les prisons algériennes. D'après Ali Yahia, il est temps de dire la vérité aux familles des disparus, car, selon lui, celles-ci ont besoin de faire le deuil dans la dignité. «C'est la clé qui permettra de faire un pas en avant dans ce dossier», poursuit notre invité, précisant que «c'est à l'Etat algérien de faire ce pas.» Ali Yahia a indiqué qu'il ne cesse de faire admettre cette vérité aux familles des disparus, chose qui ne sera admise, à ses yeux, que si elle était faite par l'Etat. «Ces familles sont prêtes à admettre cette vérité, mais c'est à l'Etat algérien de faire le geste», a-t-il laissé entendre, appelant les autorités à continuer de chercher les charniers afin de rassembler les ossements et permettre aux familles de faire le deuil. La ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme avait retenu, jusqu'à l'année 2000, un chiffre qui parle de quelque 7200 disparitions, un constat établi selon les dossiers et les déclarations faites par les familles. Mais, «plusieurs autres familles n'ont pas osé venir faire une déclaration de disparition auprès de la ligue», précise-t-il. Ce qui veut dire que le taux des disparitions dépassent de loin ce chiffre, suppose l'invité de l'Expression. En outre, Ali Yahia Abdenour expliqua que la Laddh a vérifié un nombre de 694 cas qui ne sont pas déclarés par les familles. Une vérification qui, d'après lui, tient compte des témoignages faits par d'autres personnes au lieu des familles concernées. Sans vouloir mettre du sel sur les plaies, notre interlocuteur est fortement convaincu qu'il n'existe «aucune personne portée disparue actuellement en vie». Pour argumenter le même avis, plutôt une autre conviction, le président du mécanisme ad hoc institué pour prendre en charge la question des disparus, dira qu'il n'existe aucune preuve attestant l'hypothèse selon laquelle des disparus croupissent dans des geôles en Algérie. Pour quelle raison l'Etat emprisonnerait-il des gens sans jugement?, s'interrogea Farouk Ksentini, qui a précisé qu'environ 500.000 compatriotes ont été interpellés durant la dernière décennie pour des faits de terrorisme. Il précise dans son élan que tous ont été relâchés et d'autres jugés. Concernant la question des «3000 faux disparus» un chiffre avancé par Farouk Ksentini, Me Ali Yhia Abdennour estime que l'affaire de «faux disparus» est une «invention qui répond à une nouvelle donne qui s'est jouée sur le terrain». C'est, en fait, la dernière révélation de Farouk Ksentini sur l'épineux dossier des disparus. Il a fait savoir, rappelons-le, que l'existence de faux disparus est une réalité incontestable. «Ils sont beaucoup, peut-être une bonne moitié de l'ensemble des dossiers qui sont au nombre de 6146», avait-il laissé entendre, précisant que près de 3000 personnes déclarées comme disparues ne le sont pas en réalité. Depuis, la nouvelle révélation a suscité une verte réplique de la part des familles des disparus qui ont défié Ksentini de donner les noms des «faux disparus». Quoi qu'il en soit, le problème des disparus est une question à laquelle il est impératif de trouver une solution, et dans les plus brefs délais. Le temps presse.