Les combattants kurdes ont engagé hier de violents affrontements dans le nord de la Syrie pour entraver l'avancée de forces pro turques près de la localité stratégique d'Aïn Issa, selon une ONG. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dominée par les combattants kurdes, ont rapporté sur Twitter une attaque menée avec des blindés et à l'artillerie «pour envahir Aïn Issa». L'alliance, qui dispose de bases et de bureaux administratifs à Aïn Issa, «tente d'empêcher l'avancée des forces turques et des supplétifs syriens» en direction de la localit a,de son côté, indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les rebelles pro turcs, soutenus par l'artillerie turque et les drones chargés d'explosifs d'Ankara, se trouvent à un kilomètre d'Aïn Issa, a précisé l'OSDH qui évoque de «violents combats». Des affrontements sporadiques opposent ces dernières semaines les combattants kurdes aux forces turques et à leurs supplétifs syriens, qui ont conquis quelques dizaines de villages, malgré deux accords de cessez-le-feu. Ankara avait lancé, le 9 octobre une offensive majeure en Syrie pour éloigner de sa frontière la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG). Cette opération a permis à l'armée turque de s'emparer d'une bande frontalière de 120 km. Les violences ont tué 150 civils et déplacé plus de 300.000 personnes, selon l'OSDH. Lâchés par Washington, leur allié dans la lutte anti jihadistes, les Kurdes se sont tournés vers le régime de Bachar el-Assad, qui a déployé des troupes dans plusieurs secteurs du Nord. Et c'est Moscou, appui incontournable du régime, qui a négocié avec Ankara un cessez-le-feu, en contrepartie de patrouilles conjointes et du retrait des forces kurdes de la frontière. Par ailleurs, neuf personnes ont été tuées hier matin dans l'explosion d'une voiture piégée à Tal Abyad, dans le nord de la Syrie sous contrôle turc, selon l'OSDH qui a indiqué que quatre civils, dont deux enfants, figuraient parmi les victimes, et que 22 autres personnes avaient été blessées. Des images du site montrent une voiture en flammes, et un cratère causé par la puissance de l'explosion, qui a également entraîné des dégâts sur des bâtiments et d'autres véhicules alentour. Cet attentat n'a pas encore été revendiqué. Dans un tweet, comme lors de récentes attaques dans cette zone, le ministère turc de la Défense a accusé la milice kurde «terroriste» des Unités de protection du peuple (YPG). Le 10 novembre, Ankara avait déjà mis en cause les forces kurdes, à la suite d'une explosion qui avait coûté la vie à huit personnes à Soulouk, au sud-est de Tal Abyad. Huit jours plus tôt, au moins 13 personnes avaient été tuées dans l'explosion d'une autre voiture piégée sur un marché de Tal Abyad. Là encore, les autorités turques avaient accusé les YPG, épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS) qu'Ankara qualifie de terroristes en raison de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).