L'aubaine vient à point nommé pour le chef du gouvernement qui excelle dans l'art du discours et de la réplique. Les regards des observateurs politiques seront braqués, demain, sur l'hotel Ryad. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, aura à se prononcer sur de nombreuses questions qui caractérisent l'actualité nationale, à l'occasion des assises de la jeunesse qu'organise son parti demain, à l'hôtel Ryad (Alger). Cette rencontre, qui regroupera des représentants des 48 wilayas, sera une aubaine qui vient à point nommé pour M.Ouyahia afin qu'il réplique aux attaques directes et frontales dont il a été la cible ces dernières semaines. Acculé par la rapidité d'une actualité brûlante, le patron du RND ne semble pouvoir résister jusqu'à la tenue du conseil national de son parti pour se prêter au traditionnel jeu des questions-réponses qu'il organise à chaque fin de conseil. Il serait ainsi naïf de ne pas considérer ce rendez-vous comme un moment privilégié où le chef du gouvernement excellera, comme à son habitude, dans l'art du discours et de la réplique, n'en déplaise au porte-parole de la troisième force du pays. Le chef du gouvernement, secrétaire général du RND et président de l'Alliance, sera interpellé sur son absence au meeting organisé, il y a deux jours, par le MSP à la salle Harcha. Le FLN a pris part à ce rassemblement pour dénoncer la publication par des journaux occidentaux des caricatures attentatoires au Prophète (Qsssl). Est-ce une prise de position ou simplement parce que le RND n'a pas été convié? Ce n'est pas le seul point de discorde entre les partis qui composent l'Alliance. La guerre en sourdine est bâtie sur plusieurs segments. Le MSP s'oppose au FLN du fait que ce dernier se revendique d'être le parti du président, le FLN s'oppose au RND car il refuse d'admettre que la révision de la Constitution est une priorité, le RND s'oppose au MSP car, selon lui, ce parti garde encore quelques relents d'un islamisme archaïque... et la liste est longue. Ce qui était perçu par certains observateurs comme un simple amusement pour la galerie, est en réalité une crise tangible au sein de la classe politique. Plus précisément, au sein des partis de l'Alliance présidentielle. Théoriquement, le FLN, le RND et le MSP appliquent le programme du président de la République après avoir renoncé volontairement aux leurs. Or, il s'avère que ce n'est pas le cas puisque chaque formation tire la couverture à elle. L'Alliance présidentielle se trouve effectivement au creux de la vague. Au menu des questionnements de cette rencontre du RND, il y aura également, la révision de la Constitution. Cette dernière a été relancée de plus belle par le FLN, depuis la sortie du président Bouteflika de l'hôpital. Ouyahia sera aussi interrogé sur le troisième mandat du président de la République, l'éventualité d'un remaniement ministériel, la promulgation des lois pour l'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale et la série de déclarations contradictoires à ce sujet. Le retour en force des islamistes sur la scène politique, notamment après leur «victoire» suite à la suspension par la télévision de l'émission Star Academy et enfin les manifestations de rue organisées pour dénoncer les caricatures attentatoires au Prophète Mohamed (Qsssl) seront le lot des questions que recevra le chef du gouvernement rompu aux joutes oratoires. Il sera par ailleurs, interpellé une autre fois sur l'augmentation des salaires et la polémique qui a suivi sa déclaration lors de la clôture de la dernière session parlementaire. Sollicité par les journalistes sur une éventuelle révision des mensualités, M.Ouyahia a affirmé que cette revendication doit obéir aux mécanismes qui régissent l'économie mondiale laissant entendre que «cette revendication est illégitime». Quelques jours plus tard, le FLN qui organisait la réunion de son instance exécutive, au Mouflon d'or (Ben Aknoun), nourrit la polémique et soutient que «la revendication des salaires est légitime». La rencontre de demain, sera également marquée par l'intervention du ministre de la Jeunesse et des Sports,Yahia Guidoum, et celle du ministre de l´Education nationale, Boubekeur Benbouzid. Le rôle de la jeunesse dans la vie politique et le développement national sera le point d´orgue des communications et débats à l´ordre du jour de la rencontre, qui sera sanctionnée par la lecture des recommandations des ateliers de travail. Ces derniers entameront aujourd'hui, leurs travaux et débattront de thèmes portant notamment sur "l´adhésion de la jeunesse à l´action politique", "le rôle de la société civile dans la consolidation de la démocratie et de la citoyenneté" et "la violence, phénomène immoral". Le RND qui a organisé l´année dernière la première conférence de la jeunesse, s´attend à ce que ces assises constituent un espace propice à l´ouverture d´un débat réel loin de toute démagogie politicienne.