Né en 1953 à Skikda, Malek Chebel, après des études à universitaires d'Aïn El Bey à Constantine, obtient un premier doctorat en psychopathologie clinique et psychanalyse à Paris VII, Centre Censier. Avant d'obtenir son doctorat d'anthropologie et d'histoire des religions à Jussieu, et en 1984 son doctorat de sciences politiques de l'IEP de Paris. En 1995, il est habilité à la direction de recherche à la Sorbonne. Malek Chebel à pris des positions fortes sur un Islam moderne quand il parle, dans différentes entrevues réalisées pour la presse, du voile qui est un sujet «secondaire», ou du besoin de traiter les problèmes entre les hommes par les hommes eux-mêmes et non par Dieu. Nous l'avons interrogé sur l'affaire des caricatures du Prophète. Ecoutons-le. L'Expression: Quelle est votre opinion et votre sentiment personnel à propos de la publication des caricatures attentatoires à la personne de notre Prophète Mohamed (Qsssl)? Malek Chebel: N'importe quel musulman dans le monde se sent insulté, blessé et à la fois indigné. C'est un sentiment de révolte à deux niveaux : un niveau scandaleux dans le but de nuire et dans l'intention de blesser, l'autre niveau serait de trouver une reprise énergique et intellectuelle et l'adapter à la situation actuelle. Le silence est que dans ce genre de situation, on ne trouve pas de personnes - références - pour nous dire ce qu'on doit faire. Comment jugez-vous les réactions des Etats arabes et des nations musulmanes? A votre avis, sont-elles démesurées? L'émotion a été violente mais sincère. Si je ne partage pas la violence que je comprends parfaitement, je compatis à la sincérité et j'adhère à l'émotion des musulmans qui a été très spontanée et non orientée. L'ignorance de l'islam par l'Occident serait un facteur qui l'a poussé, sous prétexte de la liberté d'expression, à porter atteinte aux sentiments religieux. Qu'en pensez-vous? L'Occident n'est pas tolérant sur certains points, comme par exemple aller jusqu'à présenter des excuses, mais il est pluriel, c'est important, il faut l'inscrire, j'y tiens. Parfois, on rencontre des personnes qui défendent l'islam mieux que nous, même si un vide culturel concernant l'islam existe. Pour vous, ces atteintes constituent-elles juste des dessins? Non, nullement. Ce ne sont pas que des dessins, je tiens à corriger ça. C'est de la provocation. En Occident, beaucoup ignorent la tolérance de l'islam. Que pouvez-vous, en tant qu'islamologue, proposer, si on vous le demande, comme solutions en ces temps précis? Si vous voulez parler des auteurs des caricatures, il y a des méthodes qui s'adaptent parfaitement à la tolérance de l'islam. Traduire ces personnes incriminées devant la justice pour «diffamation» et «racisme». L'un de vos articles - abordé avec pertinence - dans l'ouvrage Manifeste pour un islam des lumières, parle de décréter la guerre sainte inutile et dépassée. Croyez-vous que cette expression s'adapte parfaitement en Palestine et en Irak? Il ne faut pas confondre entre guerre sainte et guerre d'indépendance. Je suis fils de chahid, la guerre en Palestine et en Irak se distinguent de la guerre sainte, voilà ce que je voulais expliquer.