M. Salim Allilouche a laissé entendre, hier, que c'est l'ancien responsable du ministère de l'Intérieur, M. Abdelmalek Seriak qui a organisé les premiers contacts entre les membres de la délégation qui dialogue depuis le 8 décembre dernier avec le gouvernement. Apostrophé sur les contours de la mission d'intermédiaire entre les ârchs et les services du gouvernement qu'a assumée M.Seriak, M.Allilouche a clamé avec emphase: «Que reproche-t-on à une personnalité nationale de l'envergure de M. Seriak?» Et de répliquer sur le même ton: «D'avoir voulu éviter la catastrophe ! ou pour avoir empêché que l'irréparable ait lieu.» Invités au forum organisé par El Youm, les présidents d'ateliers, les membres de la délégation des dialoguistes et le porte-parole ont passé en revue la question de la crise de Kabylie sous tous ses aspects. D'emblée, M.Allilouche a fait remarquer qu'«une campagne médiatique est menée pour semer le doute sur notre tâche.» De l'autre côté, dira-t-il «le dossier (dialogue avec le gouvernement, ndlr) continue à alimenter l'appétit de certains cercles du pouvoir». Sans aller jusqu'à citer ces cercles, l'hôte du forum a indiqué: «Nous sommes en position de force face à la faiblesse du pouvoir.» Résolus, les dialoguistes, selon le conférencier, exigeront du pouvoir le maximum de satisfaction des revendications non seulement de la Kabylie, mais de tous les Algériens. A la question de savoir le degré de représentativité des dialoguistes pour lancer un tel défi, l'orateur, manifestement irrité, assène: «Les dialoguistes sont des délégués de leurs ârchs, communes et daïras». Sur sa lancée, il a défié les radicaux d'engager avec la délégation qu'il représente un débat d'idées public et télévisé «s'ils sont vraiment mandatés par les populations». Dans le même contexte, un membre dialoguiste a pris la parole pour préciser: «La représentativité est un faux débat du moment que nous ne nous sommes pas éloignés d'un iota de la plate-forme d'El-Kseur». Abordant la question des partis politiques présents dans la région, le président des ateliers, M.Rabah Hamitouche, a tiré à boulets rouges sur le RCD et le FFS. Pour lui, le premier «est telle une concubine répudiée» faisant allusion à la sortie du parti de la coalition. S'agissant du parti de Hocine Aït Ahmed, il dira qu'il «manque de perspectives et d'action». De son côté le porte-parole a souligné que la crise de Kabylie a mis à nu le fonctionnement obsolète des partis. «Au lieu d'être à l'écoute des citoyens, les partis dictent la conduite à suivre». Revenant sur le report de la rencontre, deux fois de suite, avec le Chef du gouvernement, M.Allilouche a donné les mêmes explications évoquées lundi dernier, à savoir des problèmes techniques liés aux conclusions des ateliers 2 et 3 et la date que «nous voulons faire coïncider avec Yennayer (nouvel an berbère)». Par la même occasion, il a nié que le gouvernement ait reporté la rencontre. Concernant la question du départ de la gendarmerie, M.Allilouche soutient: «Le départ physique des éléments de la gendarmerie est une exigence.» Concernant la réponse que donnera le gouvernement aux revendications de la Kabylie contenues dans la plate-forme d'El-Kseur, le porte-parole des dialoguistes est on ne peut plus clair: «Le pouvoir ne peut répondre que positivement aux revendications, toutes les revendications.» Dans le cas contraire, il sera emporté c'est pour cette raison qu'il doit être lucide, concluent MM.Allilouche et Hamitouche.