Est-ce le début de la fin pour les taxes de la loi de finances 2020 ? Le gouvernement a renvoyé (aux calendes grecques ?) celle qui a le plus fait jaser, à savoir l'imposition des professions libérales. « Le délai de souscription de la déclaration de l'IFU (Impôt forfaitaire unique) ainsi que celui de la déclaration des recettes au titre de la TAP et de la TVA pour les professions libérales ont été reportés à des dates ultérieures », a indiqué, jeudi dernier, le ministère des Finances dans un communiqué La même source souligne que les contribuables exerçant une activité non commerciale (profession libérale), définie à l'article 2 de la loi de finances pour 2020, sont tenus de souscrire la déclaration mensuelle série G n 50 uniquement en matière d'IRG/salaires, la déclaration des recettes professionnelles au titre des impositions TAP et TVA, étant reportée à une date ultérieure. Elle ne donne aucune indication sur les nouveaux délais, ni même sur la suite qui sera donnée. Néanmoins, tout porte à croire que cette nouvelle disposition fiscale sera profondément remaniée, sinon carrément supprimée. Le nouveau président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait d'ailleurs promis une telle révision. Lors de sa rencontre avec les médias le 22 janvier dernier il s'était engagé à revoir certaines dispositions de la loi de finances 2020, dont il a héritées de l'ancien -gouvernement Bedoui. « Je voudrais ouvrir une parenthèse au sujet de certaines taxes prévues dans la loi de finances 2020, pour dire qu'elles seront révisées pour une meilleure équité », avait soutenu le chef de l'Etat devant les représentants des médias. « Une loi pourrait intervenir dans les cinq ou six mois à venir loin de toute démagogie », avait indiqué le premier magistrat du pays. Ce qui laisse entendre que ce nouveau système d'imposition pour les professions libérales ne sera applicable qu'après l'adoption d'une loi de finances complémentaire. Pas de revenus des professions libérales pour le Trésor ? C'est un véritable casse-tête que ce soit pour l'administration que pour les administrés. D'ailleurs, toutes ces nouvelles dispositions sont une énigme qui n'a fait qu'alourdir les procédures administratives. C'est dans ce sens que les professions libérales sont montées au créneau pour dénoncer ce qu'ils qualifiaient de «taxes de la discorde». Les avocats ont été les premiers à réagir en allant jusqu'à organiser une journée de grève nationale, suivie de sit-in à travers les tribunaux et cours du pays. « Ces nouvelles dispositions fiscales sont une véritable injustice », avait dénoncé l'Union nationale des ordres des avocats (Unoa), instigatrice de ce mouvement de protestation. « Cela alourdit considérablement les charges des avocats», avait soutenu la même source avant de rappeler l'étendue de ces taxes. «19% de TVA, 26% IRG, 2% de TAP, 15% Casnos», précisait l'Unoa. «L'ensemble de ces taxes dépasse 50% des rentrées des avocats», avaient déploré les avocats. Leur mouvement a donné à réfléchir aux autres professions libérales, soumis aux mêmes nouvelles règles. Ainsi, les architectes ont dénoncé ces taxes menaçant de faire grève. Les médecins et les dentistes les ont suivis promettant d'unir leurs forces pour lancer un front « anti-taxes ». Une véritable « bombe» qu'il a fallu désamorcer en cette période de bouillonnement social. Le communiqué de jeudi dernier, a calmé les esprits en attendant de savoir si c'est un simple report ou effectivement une révision. Djerad a-t-il donc décidé de se débarrasser de l'encombrant héritage de Bedoui ? Wait and see…