Les avocats affiliés au barreau de Béjaïa ont observé, hier, une journée de protestation contre les nouvelles dispositions de la loi de finances pour l'année 2020, concernant notamment le régime fiscal imposé aux activités libérales non commerciales. En réponse à l'appel lancé par l'Union nationale des ordres des avocats (Unoa), à l'issue de sa dernière réunion, tenue vendredi dernier, à Alger, les robes noires de Béjaïa ont boycotté, hier, toutes les activités judiciaires, à travers l'ensemble des juridictions relevant de leur Cour de justice. Cette journée de grève générale a été ponctuée par un sit-in observé, hier matin, dans l'enceinte du palais de justice de la ville des Hammadites. Vêtus de leurs toges, les membres du barreau de Béjaïa se sont rassemblés, dès la matinée, sur le parvis de la Cour de justice, afin d'exprimer leur rejet du nouveau régime fiscal qui leur a été imposé par la loi de finances 2020. Ils contestent, en fait, le passage du régime déclaratif (forfait), en vigueur depuis longtemps, au régime réel applicable à partir de l'année en cours. Pour la corporation des avocats, l'application de ce nouveau régime fiscal, prévu dans la LF 2020, étouffera l'activité de la défense, dès lors que plus de 50% des recettes des avocats seront destinées au paiement des charges fiscales et parafiscales. "Le recours à cette première action de protestation vise à dénoncer les nouvelles dispositions fiscales contenues dans la nouvelle loi de finances 2020 que nous qualifions d'injustes. Imposer un tel régime fiscal, c'est vouloir affaiblir davantage le pouvoir d'achat de l'avocat algérien", nous a déclaré, hier, le bâtonnier de Béjaïa, Me Salem Khatri. Selon notre interlocuteur, la mise en place de ce régime fiscal, sans recourir à aucune étude au préalable, ni associer les acteurs concernés, "sonne comme un chantage, voire un acte de représailles contre la corporation d'avocats qui s'est engagée pleinement dans le mouvement populaire né le 16 février à Kherrata". Le premier responsable de l'ordre régional des avocats de Béjaïa (Orab) a tenu, par ailleurs, à réitérer l'engagement et la détermination de la corporation à "rester mobilisée aux côtés du peuple algérien" et à "soutenir les revendications légitimes portées par la révolution du sourire". Il y a lieu de rappeler que la loi de finances 2020 impose aux professions libérales, dont celle des avocats, le paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) fixée à 19%, de l'impôt sur le revenu global (IRG) de l'ordre de 26%, de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) de 2%, à cela s'ajoutent les 15% de cotisations au profit de la Casnos. KAMAL OUHNIA