Le ministre de la Communication a rencontré, hier, à Alger, plus d'une centaine de journalistes. Pendant plus de deux heures de débat, les professionnels de la presse nationale ont évoqué plusieurs aspects de la profession. Les uns après les autres, les confrères ont «vidé leurs sacs». Tous les problèmes que rencontrent les journalistes d'Alger et d'ailleurs, à travers le pays ont été franchement abordés par l'assistance. Il y a eu d'abord les conditions d'exercice du métier. L'accès aux sources, généralement très compliqué, malgré les assurances des autorités politiques. A ce propos, beaucoup de confrères ont abordé la question de la carte professionnelle nationale. L' absence de cette carte participe à la confusion qui entoure la mission du journaliste et pousse certaines sources à refuser de divulguer l'information, arguant la non-présentation d'un document officiellement reconnu par l'ensemble des autorités publiques. Il devient difficile d'exercer le métier de journaliste dans ces conditions, ont affirmé les présents à la rencontre. Admettant le fait que la carte professionnelle ne peut être délivrée à n'importe qui, les journalistes ont noté la nécessité de définir des critères clairs ouvrant droit à l'accès à ladite carte et qu'on n'en parle plus. Sur un autre volet, socioprofessionnel, bon nombre d'intervenants ont mis en avant la situation précaire de journalistes qui n'ont pas perçu leurs salaires depuis plusieurs mois. Des propositions ont été formulées, pour soutenir matériellement les collègues qui ne sont pas responsables d'une situation qui les dépasse. L'activation du Fonds d'aide à la presse, destinée spécifiquement à régler une partie au moins des salaires impayés a été formulée par les présents. Il reste que la situation dramatique que vivent beaucoup de confrères, dont les entreprises ont vu leurs comptes bloqués demeure l'une des plaies de la profession. Quant à la question de deux journalistes, actuellement en détention provisoire, leur cause a été plaidée par quelques confrères. A ce propos, le ministre de la Justice, qui était présent à la rencontre, a insisté sur le fait qu'aucun journaliste n'est poursuivi pour délit de presse. Zeghmati dira, en réponse aux interpellations de leurs collègues, que les journalistes incarcérés, l'ont été pour des motifs en relation avec le Code pénal et non avec celui de la presse. Ce sont des citoyens et c'est en tant que tels qu'ils sont poursuivis en justice, pas pour la profession qu'ils exercent. Bien que les patrons de presse n'aient pas été présents à la rencontre, la question de la manne publicitaire a été abordée par des journalistes qui ont réclamé une meilleure visibilité du travail de l'Anep. Sur cette question, ainsi que sur celles qui ont précédé, le ministre de la Communication a promis de réactiver le Fonds d'aide à la presse, gelé depuis cinq ans. Il a également souligné la nécessité de donner un statut juridique aux chaînes de télévision privées et appelé les journalistes à s'organiser pour une prise en charge sérieuse de leurs problèmes. Il a, par ailleurs, estimé que le Conseil national de la presse, qu'il entend mettre en place, prendra en charge certains aspects des questions abordées par les journalistes.