Le retentissement international qu'a eu la fête de la Rasd célébrée, hier, a affolé le Maroc. Sans détours et sans équivoques, le président de la République a rappelé la position algérienne par rapport au conflit qui oppose le Polisario au Maroc. «(... ) l'Algérie fidèle à son histoire, continuera à assumer ses responsabilités afin que prévale le règlement dicté par la légalité internationale et consacrant le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental...», a écrit le président Bouteflika dans une lettre de félicitations qu'il a adressée à son homologue sahraoui, Mohamed Abdelaziz, à l'occasion du 30e anniversaire de la proclamation de la Rasd. Il va sans dire que le rappel franc et direct de la position algérienne rameutera les autorités marocaines déjà sérieusement affolées par le choix du lieu de la célébration de la fête sahraouie. «C'est par fidélité envers sa propre histoire et mue par sa foi inébranlable dans un idéal maghrébin à assumer dans un esprit de fraternité, de bon voisinage et de prospérité partagée que l'Algérie a pris le parti de se solidariser avec le peuple sahraoui», a écrit le chef de l'Etat dans sa lettre aux Sahraouis dont «le colonialisme a différé l'émancipation avant de faire de son territoire national l'enjeu et le théâtre d'ambitions et de revendications qui ne peuvent occulter ses droits légitimes et inaliénables». Le président de la République a réaffirmé une nouvelle fois que la question sahraouie relève d'un problème de décolonisation «qui a la triste singularité d'être le dernier de son genre sur le continent africain». M.Bouteflika a salué l'endurance des Sahraouis qui ont forcé le respect de tous ceux qui ont su apprécier la justesse de leur résistance. Dans sa lettre, le président a rappelé que cette célébration a lieu dans un contexte caractérisé par « les succès enregistrés par la diplomatie sahraouie, qui ont élargi l'audience internationale de la République arabe sahraoui démocratique et renouvelé les élans de solidarité avec son peuple». Cette cérémonie a lieu également, «à un moment où se réalise avec éclat l'unité du peuple sahraoui dans sa volonté de déterminer librement son avenir». Cet événement a alarmé les autorités marocaines. Officiellement, le Maroc conteste le choix du lieu de l'organisation de cette fête. Rabat considère que Tifarati est une zone tampon. Mais en filigrane, c'est le retentissement international qu'a eu la fête du Polisario célébrée hier, qui dérange le royaume. Plus de quinze pays ont pris part à la célébration du 30e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). Le royaume a d'abord invoqué «la violation par le Polisario de l'accord de cessez-le-feu de 1991» sous le prétexte fallacieux que Tifariti est une zone tampon. Ensuite, il s'en remet aux instances internationales dont l'ONU. «Devant cette grave violation, l'ONU, chargée de veiller au respect de l'accord de cessez-le-feu, ne saurait adopter la politique de l'autruche», souligne M.Naciri, membre du bureau politique du PPS et directeur de l'Institut supérieur de l'administration (ISA). Le Maroc se rappelle subitement de l'existence des instances internationales alors que pendant trente ans, il trinquait au nez et à la barbe de ces mêmes instances. Non satisfaite de ces attaques, Rabat a actionné la traditionnelle batterie des assauts médiatiques contre Alger, «C'est l'Algérie qui a ordonné au Polisario d'entreprendre ces manoeuvres et de faire une grande fête commémorative à Tifariti pour à la fois provoquer le Maroc et le mettre devant le fait accompli». La cible est alors tout indiquée pour la presse marocaine rompue aux attaques gratuites et violentes contre leur voisin d'Alger.