Le gouvernement généralise et impose le port du masque à partir de demain, dans tous les lieux publics ouverts ou fermés. Cette mesure ne risque-t-elle pas de se heurter à l'épuisement des stocks de bavettes dans les pharmacies, sachant qu'aucune date tampon n'a été précisée? Et plus encore, la quantité produite de cet équipement de protection répondra-t-elle à la demande à venir? N'y a--t-il pas un risque de voir des masques défectueux, donc de contrefaçon, inonder le marché? Autant d'importantes questions que se posent les observateurs et qui mettent le gouvernement face à un véritable défi qu'il lui importe de remporter. Dans ces temps de crise, toute erreur d'appréciation risque d'être fatale. Le gouvernement, qui sera jugé sur la durée, est bien obligé de répondre à toutes les questions et d'avoir une posture pro-active afin d'éviter toute fausse note, susceptible de détruire tout le capital de confiance qu'il a acquis dans la gestion de la pandémie. En attendant, les promesses fusent et celle du ministre délégué chargé de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, sera certainement la plus difficile à tenir. Et pour cause, le ministre délégué a souligné, avant-hier, à Alger que des masques de protection contre le Covid-19 seront distribués gratuitement au profit de personnes vulnérables par les walis à partir de ce week-end, à travers l'ensemble du pays. Un véritable challenge, que Benbahmed semble maîtriser. «Un dispositif de distribution gratuite de millions de masques sera mis en branle à partir de ce week-end à travers le territoire national», préconise-t-il avec une pointe d'assurance. Il reste que la balle n'est pas dans son camp, puisque ce sont les walis qui «ont été instruits à l'effet d'en assurer la distribution auprès des personnes les plus fragiles à travers les 48 wilayas du pays», a insisté le ministre, tout en précisant que ces masques permettront aux personnes, notamment celles fragiles, d'avoir accès à des moyens de protection contre la propagation du coronavirus. A côté de cette démarche institutionnelle, on retient les nombreuses initiatives du mouvement associatif qui, à travers plusieurs wilayas, réalise des distributions gratuites de masques. On appréciera que durant les quelques heures de «permissions de sortie» pour les Algériens, durant l'Aïd, des centaines de milliers de masques seront donnés aux citoyens. Face à cet effort de l'Etat et de la société civile, mais qui ne saurait être permanent, les masques tant alternatifs que chirurgicaux seront commercialisés au niveau des pharmacies d'officine. «Nous avons tenu, à cet effet, ce jour (jeudi, Ndlr) une réunion intersectorielle (ayant impliqué sept ministères) pour la mise en place d'une politique commune en matière de production et de distribution de masques préventifs, dont le port sur les lieux publics sera obligatoire, à partir du 1er jour de l'Aïd el-Fitr», a également souligné le ministre délégue à l'Industrie pharmaceutique. Il a indiqué que les prix varieront entre 40 DA/unité pour les masques dits alternatifs et 90 DA/unité pour ceux chirurgicaux. Dans ce même ordre d'idées on note que le gouvernement a décidé de rendre strictement obligatoire le port des masques dans l'espace public à partir du premier jour de l'Aïd el-Fitr, afin de mieux juguler la propagation du coronavirus (Covid-19) durant cette période très favorable aux regroupements, aux déplacements et aux contacts directs. Par ailleurs, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a annoncé le lancement d'une campagne nationale en faveur du port du masque obligatoire pour les commerçants et les clients dans l'ensemble des willayas du pays sous le slogan «Port du masque: se protéger pour protéger les autres».