Feu de paille. Entre l'Algérie et la France officielle, il n'y a point de désamour. Depuis le début de ce qui peut être qualifié, aujourd'hui, de nuage d'été concernant la diffusion par deux médias publics français de reportages «malveillants» sur le Hirak, et malgré le rappel de l'ambassadeur d'Algérie en France pour consultations, il ne s'agissait nullement d'une crise diplomatique. Le président Tebboune l'a laissé entendre, dimanche, lors de la tenue de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Dans son intervention, après l'examen et l'adoption de l'exposé, présenté par le ministre des Moudjahidine, sur l'avant-projet de loi portant institution de la Journée nationale de la Mémoire le 8 mai, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que «l'intérêt accordé à la Mémoire nationale sous tous ses aspects n'était pas motivé par des considérations conjoncturelles». Il ne s'agit donc nullement pour Alger de remettre sur la table le contentieux mémoriel qui empoisonne souvent les relations entre l'Algérie et son ancien colonisateur pour répondre aux ««attaques contre le peuple algérien et ses institutions, dont l'Armée nationale populaire (ANP)», comme l'avait affirmé le département des affaires étrangères en réaction à la diffusion des deux émissions. Pour le président, l'évocation de la mémoire est «un devoir national sacré ne tolérant aucun marchandage et qui restera en tête des préoccupations de l'Etat afin d'immuniser la personnalité nationale, par fidélité aux martyrs de la glorieuse Révolution de Novembre et aux moudjahidine». Les déclarations du président de la République qui sont loin d'enregistrer une quelconque escalade dans le différend généré par les médias français vient donc éclaircir la position du ministère des Affaires étrangères qui avait tenu à accuser «des milieux qui ne souhaitent pas l'avènement de relations apaisées entre l'Algérie et la France, après 58 ans d'indépendance, et ce dans le respect mutuel et l'équilibre des intérêts qui ne sauraient faire l'objet de concession ou de marchandage». Ce qui constitue une disculpation de la France officielle à laquelle a été exprimé le grand mécontentement d'Alger. En fait, dès son élection, le chef de l'Etat avait évoqué ces «parties» qui cherchent à nuire à la relation entre la France et l'Algérie. En janvier dernier, dans un entretien télévisé accordé aux médias, le président Tebboune avait déclaré qu'il existait «en France un lobby qui a une haine particulière contre l'Algérie. Et il y a un autre lobby qui se nourrit de cette haine pour ses propres intérêts». Il a toutefois indiqué que les deux pays avaient pris la décision de «tourner la page». Mais tourner la page ne signifie nullement renier l'Histoire ou occulter les crimes commis par le colonialisme. Dans son tweet célébrant le 75e triste anniversaire des Massacres du 8 mai 1945, Abdelmadjid Tebboune avait annoncé l'institution du 8 Mai comme Journée nationale de la mémoire. C'est l'avant-projet de loi portant institution de la Journée nationale de la mémoire qui a été présenté, hier, en Conseil des ministres. Une occasion pour le chef de l'Etat de s'incliner à la mémoire des martyrs de la Guerre de Libération nationale et de la Résistance populaire depuis l'occupation coloniale de l'Algérie. «Les Algériens sont en droit d'avoir une Journée nationale de la mémoire», a dit le président, soutenant que notre histoire et notre fierté nationale ne sauraient faire l'objet d'aucun marchandage. Soulignant que l'amour de la patrie, l'attachement à la Déclaration du 1er Novembre et la vénération des martyrs constituent le dénominateur commun entre les Algériens, il a appelé à hisser le drapeau national au fronton de toutes les maisons lors des occasions historiques. Ainsi, le président a instruit le ministre de la Communication à l'effet d'accélérer les procédures nécessaires au lancement d'une chaîne de télévision de haut niveau et de renommée internationale, consacrée à la Mémoire nationale. Il a salué à cette occasion tous les pays frères et amis qui ont apporté aide et assistance à la glorieuse révolution armée, citant, notamment en Europe, l'Allemagne fédérale et les citoyens français qui se sont soulevés contre la politique coloniale de leurs gouvernements et sont morts pour cette cause ou ont été torturés par les tortionnaires du colonisateur. à ce titre, le chef de l'Etat a instruit le ministre des Moudjahidine d'accorder davantage d'intérêt à tous ceux qui ont aidé l'Algérie dans sa révolution armée et de rétablir des liens directs avec eux.