Le processus politique en cours qui caractérise le pays est en train de sécréter des attitudes et des approches somme toute hybrides et anachroniques à la fois. Ce qui arrive au PAD c'est une espèce de crise qui frappe de plein fouet la matrice fondatrice de la mouvance démocratique en tant qu'identité qui s'est forgée et consolidée dans le feu des luttes remontant à quatre décades de militantisme et de combat pour cristalliser un creuset solide et sans ambages de la doctrine démocratique. Les promoteurs du PAD risquent de commettre l'irréparable en optant pour une démarche suicidaire qui pourrait emporter y compris le rêve de beaucoup d'Algériennes et d'Algériens qui croient toujours à l'idéal démocratique; l'enjeu qui se trame et qui s'esquisse est celui d'aborder les issues et les solutions en étant fidèle à la lettre et l'esprit de la philosophie constitutive du socle démocratique et ses valeurs. Les fissures commencent à apparaître au sein d'un microcosme où les alliances et les convergences sont mal conçues et déterminées. L'on assiste à des réactions et des démarcations qui se font exprimer d'une manière limpide et claire comme c'est le cas pour le Parti de la laïcité et la démocratie (PLD) qui a claqué la porte au début même de la constitution du PAD et sa déclaration constitutive dans la perspective d'une alternative démocratique et sa plate-forme. Ce parti descendant de la démarche social-démocrate développée par le défunt El Hachemi Chérif s'est démarqué nettement et sans détour quant à la démarche prônée par la majorité des composantes et formations politiques qui constituent le PAD. Cette distanciation est éminemment politique, voire stratégique en termes de lecture et d'appréciation des enjeux par rapport à un projet de société aux antipodes de l'approche et de celui défendu par la mouvance démocratique traditionnelle. Il s'agit de l'implication au nom d'un «démocratisme» béat et formel d'une variante politique où sa matrice s'inscrit en porte-à-faux des valeurs et des principes même de la démocratie et de son mode opératoire. L'allusion est faite à la mouvance islamiste en général et à la nébuleuse de Rachad en particulier. C'est cette question qui taraude le PAD dont certaines formations sont allées jusqu'à signer la plate-forme dont Rachad est signataire avec d'autres composantes dont l'approche réconciliatrice avec l'ex-FIS et son projet rétrograde et totalitaire pour ne pas dire fasciste. Le PAD fait face aujourd'hui à sa réalité faite de tiraillements et d'ambivalences, une situation somme toute caricaturale qui nécessite un véritable nettoyage digne de celui des écuries d'Augias. Il est urgent que le PAD sorte de cette vision étriquée et galvaudée d'une «convergence» qui sacrifie les valeurs démocratiques sur l'autel d'un rapprochement suicidaire avec une nébuleuse qui jure avec frénésie de bannir les énoncés qui ont trait à la pensée qui s'inspire de la laïcité et de sa substance foncièrement critique et rationnelle. Le FFS vient de connaître un changement à la tête de son instance présidentielle, cela va permettre à la nouvelle direction de revoir sa lecture et l'arrimer aux évolutions en cours. Mais cela n'est pas aussi sûr dans la mesure où ce vieux parti n'a cure de ses positions qui provoquent des réactions contradictoires et parfois étranges, surtout par rapport à la nébuleuse islamiste et sans «ninisme», même si le parti de Da l'Ho avait développé une démarche qui plaide pour un consensus nation dans le règlement de la crise politique avant l'émergence et l'apparition de l'élan populaire du 22 février.