800 terroristes sont dans le maquis, alors que 100 se sont rendus depuis le 29 septembre. Aucun des terroristes amnistiés dans le cadre de la charte pour la paix ne sera extradé de l'Algérie. C'est ce qu'a affirmé hier, le ministre d'Etat ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Yazid Zerhouni, lors de son passage à l'émission «Question de l'heure», diffusée sur les ondes de la Chaîne III. «Il n'est pas question de recourir à l'extradition. C'est une question de souveraineté nationale» a-t-il précisé, avant d'ajouter que «les catégories concernées par la charte sont sous la responsabilité de l'Etat algérien». Concernant maintenant les terroristes ayant commis des actes de violence, «leur sort sera tranché au cas par cas». Juridiquement parlant, il faut savoir que l'extradition ne concerne pas les nationaux. Il est à rappeler que le sort d'El Para intéresse plusieurs pays et alliés de l'Algérie, citant entre autres l'Allemagne qui avait lancé à son encontre un mandat d'arrêt international en septembre 2003, et cherche à le récupérer afin de le juger pour l'enlèvement des 32 touristes européens dont 16 allemands. Les Etats-Unis aussi ont classé le Gspc dans la liste noire des groupes terroristes affiliés à Al Qaîda, l'ennemi numéro un de l'oncle Sam. Le procès d' Amar Saïfi, plus connu sous le pseudonyme du Para, est donc au centre de ces spéculations. Le report de son procès a ouvert une brèche à plusieurs lectures, certains y ont vu les signes «d'une amnistie voilée». Justement, interrogé sur cette question, le ministre de l'Intérieur a reconnu que le dossier est «très délicat», renvoyant la balle aux juges. La même position a été adoptée par l'invité au sujet de Lembarek Boumaârafi, inculpé dans l'assassinat de feu Boudiaf. Dans un autre volet, le ministre a affirmé que près de 100 terroristes sont descendus du maquis depuis le référendum du 29 septembre. Ces derniers sont accompagnés de leurs familles. L'Etat s'engage «à respecter la charte», les catégories concernées aussi. «On ne peut être sélectifs. La charte doit être respectée dans sa globalité». En faisant référence aux personnalités de l'ex-FIS qui réclament leur droit de retourner à la scène politique. Zerhouni, sans équivoque réitère qu'«aucune des personnalités ayant fait l'apologie de crime, ne sera admise dans les différentes listes électorales». C'est «la ligne rouge» de la charte. «La religion ne doit plus jamais être instrumentalisée à des fins politiques», a-t-il soutenu. Zerhouni a qualifié la charte de «texte équilibré et très responsable». La réinsertion sociale des «amnistiés» est essentielle, selon lui, pour le rétablissement de la paix. «C'est le fondement même de cette démarche» atteste-t-il. Ces derniers vont réintégrer leur poste dans le secteur privé. Concernant l'administration, il a écarté l'application de la même procédure pour les postes de responsabilité. «Les concernés seront soit mutés à d'autres fonctions, soit indemnisés». L'application de la charte ne sera pas synonyme de la fin de la lutte contre le terrorisme. «L'Etat ne démissionnera pas dans la lutte contre le terrorisme», a déclaré hier le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. L'invité de la Chaîne III a estimé à 800, le nombre de personnes activant dans les maquis. La lutte pourra durer des années encore, mais l'Algérie est loin, a-t-il laissé entendre de la décennie noire «Le nombre des actions terroristes a baissé d'une manière substantielle. Actuellement l'on enregistre de 4 à 5 manifestations par semaine». Les wilayas touchées sont principalement Tizi Ouzou, Bouira, Jijel, Tébessa et Batna. selon lui, la déstabilisation du pays du fait du terrorisme prendra fin avec la mise en oeuvre de la charte. Interrogé sur la levée de l'état d'urgence, le ministre l'a écartée du moins pour l'immédiat. «La caractéristique de l'état d'urgence en Algérie, c'est qu'il n'a jamais porté atteinte aux libertés individuelles et politiques». «Cette loi est conçue comme un instrument légal de coordination entre l'Armée nationale et les services de sécurité. Tant qu'il y a un terroriste, il serait peu raisonnable de recourir à la levée de l'état d'urgence». Concernant les marches à Alger, il a exprimé sa disponibilité à discuter avec les partis politiques si ces derniers s'engagent à assumer leurs responsabilités quant à la préservation de l'ordre public. Sur un autre sujet , il a refusé de parler d'une opération «mains propres» au sein de la Dgsn. Il a estimé qu'«il n'y a aucune arrière-pensée derrière les sanctions appliquées dans ce corps. Les autorités agissent chaque fois qu'il y a un dépassement. Nous l'avons fait avec des hauts responsables et des walis». Dans un autre chapitre, le ministre de l'Intérieur s'est exprimé sur les changements effectués dans le corps des walis, le qualifiant d'«un mouvement ordinaire». La décision a été prise au mois de juillet 2005, mais a été décalé, a-t-il précisé, à cause des partielles. Dans l'ensemble, il s'est montré «satisfait» des bilans des walis. Ecartant le recours à d'autre changement dans un avenir proche, «nous préférons opter pour la stabilité dans les institutions de l'Etat afin de permettre la réalisation et le suivi des projets lancés». Sans donner de date précise sur la mise en oeuvre du nouveau code de wilaya et communal, Zerhouni a espéré néanmoins que cela pourra se faire au courant de cette année. «Les rectificatifs» apportés permettront de donner un rôle plus actif aux APC et APW, et de clarifier «la relation entre l'administration et les instances élues». Répondant aux appréhensions des partis politiques, il a assuré que le wali et le chef de daïra n'interviendront dans la gestion des communes que lorsque il y a dépassement. Ce code n'est pas suffisant pour améliorer la gestion locale. Zerhouni a stigmatisé la dépendance quasi totale des collectivités locales aux budgets débloqués par l'Etat, plaidant pour la responsabilisation de ces instances dans la collecte des fonds. Dans ce sens, nous apprenons qu'une commission mixte est en train d'étudier la réforme des procédures ayant trait à l'élaboration du budget de l'Etat. «Il faut reconnaître que les APC ne prennent pas d'initiative. Il s'agira, dans le cadre de cette réforme, de les impliquer davantage dans la gestion locale.»