La salle Ibn Khaldoun accueille du 21 au 23 mars trois soirées consacrées à la musique traditionnelle et sacrée du Sud, le gnaoui. Entrant dans la ligne éditoriale de l'établissement Arts et culture de cette année, à savoir la découverte et la préservation du patrimoine, ces Nuits du gnaoui constituent une opportunité pour continuer nos activités avec un noyau qui nous permettra de programmer à l'avenir d'autres événements similaires notamment un au mois de juin, en collaboration avec la fondation Déserts du monde indiquera en préambule le directeur de l'établissement, M.Mohammedi Redouane. Et d'ajouter: «Dans la continuité de nos efforts d'ancrage envers notre culture, on compte faire venir des chercheurs dans le cadre de ce domaine.» En attendant, nous informera Mohammedi, le gnawi sera encore à l'honneur samedi et vendredi prochain avec l'organisation de concerts, initiés par l'association le Souk. Evoquant son style musical le Casbah jazz, Mohamed Rouane fera remarquer que sa musique faite pour l'évasion et la relaxation relève du domaine spirituel inspiré du quartier de la Casbah, terreau des chants traditionnels et religieux mais aussi de la zaouia de Ouled Naïl d'où il est originaire, ajouté à cela le jazz pour la liberté de jeu que cela lui procure. A l'aide du mandole instrument propre à l'Algérie et qu'il tend à faire connaître à l'étranger, Mohamed Rouane qui vient de sortir il y a à peine un mois son nouvel album , Rayon de soleil confie être proche des derwiches, ces fous errants qui vivent dans leur propre monde, cependant qui a son propre réel .Faisant le lien avec la musique gnaouie, Mohamed Rouane confie être lié finalement à cette musique du Sud par l'esprit que dégagent ces chants sacrés ou Dekr religieux qui louent le Prophète ou racontent l'essence de la vie, tirée du terroir. Abdou, guitariste du groupe Djmawi Afrika parlera de sa quête de style qu'il puise dans son «algérianité, son africanité pour atteindre l'universel.» Selon lui, le gnaoui a ses auteurs traditionnels mais aussi ceux qui comme lui, essayent de le mélanger à d'autres styles en introduisant de nouveaux instruments tels la guitare, le violon...En citant des noms tels Hocine Boukella ou encore Safy Boutella, il fera savoir que la musique n'est pas figée. «Elle n'est pas codée. Il ne faut pas la cloisonner dans des bulles. Si certains ont oublié le message qu'elle véhicule au détriment de la musique, c'est leur choix» et de reprendre plus tard: «Les jeunes aiment le gnaoui par ce que c'est tout un état d'esprit qui ne les éloigne pas de leurs origines, une sorte de retour aux sources qui se met en place grâce à des groupes avec lesquels ils ont quelque chose à partager.» Et Jamil, chanteur du groupe et néanmoins originaire du Sud de confier: «On veut exploiter notre musique et la faire connaître». Abondant dans le même sens, Kadi M'hemed, manager du groupe Noujoum Essaoura, fera remarquer que son groupe intègre dans ses mélodies sahariennes des sons occidentaux comme le synthé de façon à enrichir cette musique. Assurer la pérennité du patrimoine El Ferda, premier genre musical de Kenadsa, et le faire connaître en Algérie et à l'étranger est le pari que s'est fixé Hocine Zaydi, qui, aux côtés des maîtres Bouhazma Hadj et El Hadj Medjadi Mohammed, dit Benderrouiche, en 1991, ont formé le premier groupe El Ferda. L'ensemble, connu sous le nom de Ferda, présente la musique de Kenadsa, cité cosmopolite proche de Béchar dans le Sud-Ouest algérien. Traditionnellement, seulement des instruments de percussion, comme le târ (tambourin pourvu de petites cymbales), la taâridja (petite derbouka), ou le mahraz (pilon) ponctuaient le chant. Le groupe apporte aujourd'hui des variantes et enrichit sa musique de violons, de mandoles, de banjos ou de mandolines. Cette troupe cloturera assurément en beauté ces nuits gnaouis. «Si on organise des rencontres de ce genre ce n'est pas par ce que c'est dans l'air du temps .Il faut que cette tentative serve à susciter d'autres rencontres entre musiciens, un peu à l'image du Festival d'Essaouira et Musiques du monde au Maroc», a conclu M.Mohammedi. Enfin, pour l'info, sachez, vous les mordus de gnaoui, que le bal sera ouvert mardi prochain à 19h avec le groupe Djmawi Afrika et Zahrat Erimal, suivront, le lendemain, 22 mars, les groupes Gnawa Sidi Blal de Aïn Sefra et Noujoum Essaoura. Ces Nuits du gnaoui se clôtureront le 23 mars par Mohamed Rouane et le groupe El Ferda de Béchar.