Le patronat a décidé de prendre attache avec le gouvernement dans l'objectif de relancer les négociations. La tripartite divise les partenaires sociaux, laissant planer de sérieux doutes sur la tenue de cette rencontre tant attendue par les millions de salariés. Hier, le président de la Confédération du patronat algérien (CAP) a déclaré, en marge d'une rencontre organisée au Sénat, qu'aucun contact n'existe avec l'Ugta ni même avec le gouvernement. «C'est le gel total», a t-il souligné. Le discours du président de la République, prononcé le 23 avril, au Palais des nations, a amené les trois parties prenantes dans ce processus à réviser leurs points de vue et pour certains leur stratégie. Le patronat, conforté en partie par les positions du président, n'hésitera pas désormais à faire cavalier seul pour défendre ses intérêts . C'est du moins ce qu'a laissé entendre M.Merrakech. «Nous avons décidé de prendre attache avec le gouvernement dans l'objectif de relancer les négociations», a-t-il souligné. Des rencontres informelles seront programmées dans la perspective de fixer un agenda pour la tenue de la tripartite. Deux points y seront débattus. Maintenant que la réévaluation des salaires semble définitivement écartée de la table des négociations, il s'agira de l'avenir des entreprises économiques et de l'investissement. Il faut rappeler que l'organisation patronale, si elle a exprimé son accord préalable pour l'augmentation des salaires, l'a conditionnée, néanmoins, par une amélioration de la productivité. «Nous sommes pour un pouvoir d'achat fort, mais à condition qu'il soit accompagné d'une croissance économique très solide, générée non pas par les hydrocarbures mais par l'industrie», a souligné Merrakech. A l'heure actuelle, il faut savoir que la réévaluation des salaires n'est pas une priorité pour les patrons, lesquels préfèrent orienter les débats vers l'allègement des charges fiscales et parafiscales. A leur tour, donc, les patrons renvoient la balle au gouvernement appelé à faire preuve de plus de souplesse afin de libérer l'investissement. Libéré d'un fardeau qui pèse lourd dans l'autre camp, celui de l'Ugta, le patronat, affirme Merrakech, compte accélérer le processus des négociations afin de tenir dans les meilleurs délais la tripartite. Interrogé sur la réaction de M.Malki, secrétaire national chargé des affaires économiques à l'Ugta, à propos de la tenue de la tripartite au mois de septembre, Merrakech a réitéré que «ces déclarations n'engagent que la centrale syndicale», défendant que «le patronat a sa propre vision des choses». Notons que le représentant de l'Ugta s'est retiré samedi du groupe de travail chargé de réviser l'article 87 bis. Par ailleurs, il est probable que les commissions mises en place lors de la dernière tripartite apportent des rectifications à leur rapport final. L'Ugta, qui a exigé l'abrogation de l'article 87 bis, a révisé sa position. Soulignant dans son rapport, que «l'abrogation de cet article risque d'avoir des conséquences néfastes sur les entreprises économiques». L'enquête menée par les sections de wilaya met en garde contre le fait que la révision des mensualités conduira à la fermeture de 75% des entreprises. La révision coûtera à l'Etat, selon les chiffres du gouvernement, la bagatelle de 500 milliards de dinars.