Après des décennies d'insouciance, l'Algérie semble enfin s'intéresser à son avenir énergétique. Le gouvernement «Djerad II» a vu la création, pour la première fois de l'histoire du pays, d'un département dédié à la transition énergétique et des énergies renouvelables. Il a été confié à un expert dans le domaine, en la personne du professeur Chems Eddine Chitour. Celui qui bataille depuis des décennies pour doter l'Algérie d'un plan de transition énergétique semble avoir «l'oreille» du président sur cette question cruciale qui concerne le futur du pays. Le meilleur indicateur de ce nouveau virage énergétique est le fait que le Plan de relance économique a pris en considération la problématique de la consommation énergétique. C'est en tout cas ce que qu'a avoué le professeur Chitour, hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3, où il était l'Invité de la Rédaction. Le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables indique que, désormais, le cap est donné en «consommant moins et mieux» (énergie, Ndlr). «Cela permettra une rationalisation des dépenses et la création de richesse», a soutenu Chems Eddine Chitour avant de donner les grands chantiers que son département ministériel s'apprête à lancer. Dans ce sens, il révèle que le premier chantier, considéré comme la base de cette stratégie, est l'économie de l'énergie et la fin des gaspillages. «En faisant la chasse au gaspillage, si tout le monde adhère, nous pourrons faire 10% d'économie de cette énergie, soit l'équivalent de 1,8 milliard de dollars», observe le ministre. «Cette économie d'énergie doit se faire par l'implication des citoyens qui devront faire plus attention, mais aussi par des mesures prises par les pouvoirs publics», a-t-il souligné. Parmi ces mesures, il cite le «challenge» de la généralisation de l'utilisation du GPL, un carburant propre. Il annonce l'acquisition en cours de 200 000 kits GPL afin d'équiper autant de véhicules. «Ils permettront d'économiser 200 millions de tonnes d'essence. Une telle opération réduira la facture des importations de carburants de 200 millions à 60 millions de dollars», a-t-il précisé en révélant que plusieurs entités de l'Etat vont jouer le jeu en équipant leur parc de ces kits. Le professeur Chitour ambitionne donc que la locomotion des Algériens devienne plus «propre». C'est dans cette optique qu'il veut se débarrasser au plus vite du diesel, comme sont en train de le faire les pays européens. «L'ambition consiste à diminuer l'usage du diesel, «un danger public», en le remplaçant progressivement par le diesel fioul et le GNC», atteste-t-il. Néanmoins, le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables ne veut pas se contenter que du GPL. Il vise à introduire progressivement l'énergie l'électrique, notamment dans les transports publics. Mais pas que! Le professeur Chitour ambitionne de voir des véhicules électriques circuler très prochainement sur nos routes. «Nous ambitionnons d'introduire outre des véhicules de tourisme, des bus et des trains roulant à l'électricité», a-t-il fait savoir. Il signale que ce rêve est en train de se concrétiser puisque quatre bornes de recharge électrique ont déjà été installées. L'énergie solaire occupe aussi une place de choix dans la vision révolutionnaire du professeur. Il rappelle que l'Algérie et son soleil sont une «pile électrique» qu'il faudra savoir brancher. «En sortant des anciens schémas et en faisant preuve d'imagination, l'objectif tend à aller vers un usage grandissant de l'énergie produite par le soleil, pour créer des villes nouvelles et alimenter les habitations, les administrations publiques et le secteur agricole en électricité», a-t-il rétorqué. Pour atteindre ces objectifs de façon rapide et rationnelle, le ministre propose de s'associer aux mastodontes du domaine du renouvelable. Il parle de l'Allemagne, des USA et surtout de la Chine. «On doit s'associer à eux et innové afin d'opter pour un partenariat gagnant- gagnant, sans dépenser de l'argent», insiste-t-il en donnant comme piste le fait de les payer avec le gaz qui sera économisé grâce à ces investissements «verts». «Il s'agit là d'un immense chantier adossé à une vision nouvelle destinée à sortir l'Algérie de son ‘'ébriété actuelle'' pour l'amener vers une ‘'sobriété énergétique'', à l'horizon de 2030», a-t-il conclu avec beaucoup d'espoir.