Le défi arabe actuellement consiste à arracher le respect des Américains. Le professeur de droit international au Washington Collège of Law, Américan University, a plaidé pour le report d'au moins un mois du prochain sommet de la Ligue arabe prévu fin mars, à Khartoum, au Soudan. «Je lance un appel aux dirigeants arabes pour reporter ce sommet au moins d'un mois, le temps, a-t-il dit, d'approfondir la concertation entre toutes les franges de la société civile, culturelle et politique arabe» a déclaré hier, le Professeur Clovis Maksoud. «Ce report permettra de dégager une position consensuelle et forte de tous les pays arabes. Elle permettra d'échapper aux pressions américaines», a défendu M.Maksoud lors d'une conférence-débat qu'il a animée au Sénat sous le thème «La décision américaine et le rôle des pays dans ces décisions». La conférence s'est déroulée en présence de sénateurs et personnalités politiques algériennes dont le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, et l'ancien chef du gouvernement, Smail Hamdani. Pour le conférencier, le défi arabe, actuellement, consiste à arracher le respect des Américains. Pour ce faire, l'invité du Sénat ne voit pas meilleure opportunité que ces temps «de déclin de l'administration Bush et des faucons qui sont à l'origine de toutes les dérives observées à l'endroit des pays arabes par ces mêmes faucons». Il a fait remarquer à ce propos que jamais, depuis l'épisode Nixon, la popularité d'un président américain n' a été aussi basse qu'elle l'est actuellement pour Bush, selon les sondages des instituts américains. «Pourquoi ne pas exploiter cette nouvelle donne pour s'imposer et faire admettre la position arabe unifiée aux Américains, il est grand temps», a-t-il ajouté. Le conférencier a retracé les rapports de force qui ont caractérisé les relations internationales depuis les deux blocs, les Non-alignés et la chute du mur de Belin. «La prépondérance américaine a toujours existé et s'est affirmée davantage avec la chute du mur de Berlin et la disparition du bloc soviétique, mais cette prépondérance s'est contentée d'un caractère de monopole sur les relations internationales», a-t-il rappelé. Selon lui, ce sont les événements du 11 septembre 2201 qui ont fait basculer la situation. Il explique : les néo-concervateurs, qui composent l'administration Bush, ont exploité l'événement pour passer d'une situation de monopole à une situation de domination pure et simple. Les décisions de la diplomatie américaine ont été alors réduites aux décisions du ministère de la Défense conduit par les faucons, dont Donald Rumsfeld. «C'est de cela que toutes les dérives ont découlé, allant de la guerre contre l'Afghanistan déclenchée sous couvert de lutte contre le terrorisme à l'invasion de l'Irak qui a été entamée à base d'arguments faux», a dénoncé le conférencier soulignant que l'influence israélienne dans les décisions de cette administration qui a porté .Natanyahu au pouvoir en 2002, a été déterminante. Pour preuve, dit-il, «la résistance palestinienne est présentée comme étant du terrorisme». Le professeur a enfin indiqué que la donne est en train de changer puisque des résistances internes se font de plus en plus sentir aux Etats-Unis. «Des marches de protestation et des dénonciations à l'intérieur même du Congrès remettent aujourd'hui en cause l'invasion de l'Irak qui s'est faite sur de faux arguments». Ce sont là autant d'arguments qui l'ont amené à plaider le report du sommet de la Ligue arabe et à dire à ses dirigeants: «Levez-vous!».