Le président du MSP n'exclut pas les détenus du Sud des mesures d'application de la Charte. Le président du MSP, Boudjerra Soltani, a indiqué hier au Forum de l'Entv qu'il n'avait pas besoin de mandat pour contacter les membres de l'ex-FIS à l'étranger. «Je confirme mes contacts», insiste-t-il, «parce que nous réalisons ces jours-ci une chose extraordinaire qui n'a pas eu lieu depuis l'indépendance». Il s'agit de la réconciliation nationale, bien sûr. Mieux, «si j'étais dans leur situation, je n'aurais pas hésité un instant à rentrer au pays parce que la prison d'El Harrach ou Serkadji est plus clémente que l'exil». Soltani va plus loin dans sa logique de réhabilitation : «Ils sont les bienvenus au parti s'ils acceptent les conditions du MSP». L'invitation concerne les anciens militants de l'ex-FIS et tous ceux qui jouissent de leurs droits constitutionnels. Mais lorsque le nom de Ali Benhadj est prononcé, il se contente de rappeler le texte d'ordonnance portant application de la Charte pour la paix et la réconciliation. Cependant, ceux qui ont été exclus par le biais du texte d'ordonnance «ont été exclus par ceux-là mêmes qui les connaissent et qu'ils connaissent; c'est très clair...» Plutôt déroutant. Quant à ceux qui ont pris le maquis pour une raison ou une autre, ils ne doivent plus être taxés de «repentis» parce que ce lexique est «humiliant et participe à prolonger la suspicion et la haine dans la société». Le président du MSP s'est attardé sur les travailleurs licenciés pour des raisons politiques. Il indique que le décret a été discuté hier en Conseil des ministres et qu'il est très généreux envers ces derniers. Il est question de réintégration, d'indemnisations ou de retraite pour ceux qui ont l'âge de la retraite. Interrogé sur le cas des détenus du Sud , il a indiqué que «l'ordonnance n'exclut personne; si la personne dispose de documents». On ne sait s'il connaît l'imbroglio dans lequel se sont trouvés ces derniers au moment de l'éclatement de la crise et qu'ils n'avaient pas été jugés. Mais il refuse de situer les responsabilités aujourd'hui. Il faut donner le temps au temps, suggère-t-il, «parce que les plaies sont encore ouvertes». Cela est un autre débat. Sur le plan économique, Boudjerra apporte un soutien indéfectible à Ouyahia. «Je confirme tous les chiffres qu'il a avancés. Je suis membre du gouvernement. Si j'ai des critiques à faire je dépose ma démission». Voilà qui est clair et limpide pour une fois, du côté MSP. Ce parti veut regarder vers l'avenir. En 2012, il sera au pouvoir parce qu'en 2012, «la légitimité révolutionnaire ne sera plus valable et, par conséquent, la seconde République pourra naître». Il rejoint la thèse de feu Houari Boumediene qui prévoyait la naissance d'un second Japon dans la région. Soltani veut garder l'optimisme même si le creuset électoral est, de son point de vue «un ensemble de dunes de sable». Dans la foulée, il dit: «Si le FLN a 350.000 militants permanents, que pouvons-nous dire? Nous sommes hors échelle». Cela voudrait dire qu'il dispose d'un nombre impressionnant de militants. Soltani -il s'agit d'un avis personnel- est pour un régime présidentiel parce que «le tiers-monde n'est pas encore apte à appliquer un système parlementaire». Sur la politique des salaires, il s'en remet aux directives données le 24 février dernier par le président de la République. Mais il rejoint Ouyahia dans son estimation de la situation. Le MSP maintient sa position de boycott des produits danois. Mais Soltani demeure un ministre discipliné, qui sait faire la part des choses.