C'est l'alerte rouge à Béjaïa. Le nombre de cas enregistrés, au quotidien, ne cesse de grimper. Il en est de même pour le nombre de décès. Depuis le début du mois, plus de 50 décès ont été dénombrés par les services de santé. Les quatre derniers cas se sont déclarés jeudi dernier et, chaque jour, les hôpitaux de la capitale de la Soummam reçoivent de nouveaux cas. 15 patients ont été admis jeudi dernier, rien qu'au niveau du CHU Khellil Amrane, un hôpital qui a été contraint de rouvrir le service de la chirurgie générale pour le consacrer au Covid-19. Voilà pourquoi la wilaya de Béjaïa a été retenue par les pouvoirs publics dans la dernière décision prise concernant le prolongement du confinement partiel. Occupant depuis plusieurs mois la tête du hit-parade des régions les plus touchées, Béjaïa va vivre encore une autre période de 15 jours de confinement partiel, de 23h00 à 5h du matin le lendemain. Cette mesure entrera en vigueur à partir d'aujourd'hui, selon un communiqué de presse des services du Premier ministère, suite à la recrudescence de la pandémie de Covid-19. Cette mesure sanitaire ne peut produire l'effet escompté si l'on continue encore à observer le laxisme contre les contrevenants en ce qui concerne l'application réelle des gestes barrières dictés par la conjoncture sanitaire. Le relâchement des citoyens s'y voit conforté, comme l'explique le coordinateur du CHU de Béjaïa, Hafid Boudraham, qui déplore «le non-respect du confinement et des gestes barrières en toute impunité». «Les gens ne respectent plus l'horaire de confinement et le port de la bavettes et la distanciation sociale, sans parler de l'absence d'hygiène au niveau des magasins et commerces où l'on fait peu cas de la désinfection des locaux, de la monnaie et de la mise en place du gel hydro-alcoolique pourtant rendus obligatoires par la loi», explique-t-il encore. «Il ne faut donc pas s'étonner de l'ampleur prise par la contamination», souligne-t-il, avant de lancer un appel aux autorités afin de faire appliquer la loi et aux citoyens d'observer scrupuleusement les gestes barrières. «Nos services sont saturés et notre personnel est à bout», avertit-il en conclusion. C'est dans ce sens que les autorités sanitaires ont lancé un appel de détresse. Le directeur de la santé et de la population (DSP) de Béjaïa, le docteur Driss Khodja El-Hadj, n'hésite pas à parler de «situation sanitaire inquiétante», allusion faite au fort rebond de contaminations depuis le 22 septembre dernier. Le relâchement général de la population pour ce qui est du respect des gestes barrières, constaté après le déconfinement progressif du 15 août dernier, à la faveur d'un répit qui aura été finalement le piège qui a démobilisé les citoyens au point de faire croire que la pandémie relevait du passé. La réouverture des lieux de regroupement, les mariages et autres fêtes, qui se célèbrent en toute impunité, le manque de rigueur dans l'application des textes de loi peuvent conduire à des situations encore plus dramatiques. Les praticiens de la santé publique parlent d'un «déni total» d'une grande partie de la population béjaouie, qui a conduit à la hausse vertigineuse du nombre de cas d'infection au Covid-19 qu'enregistrent, ces derniers jours, les hôpitaux de la wilaya de Béjaïa. Le DSP de Béjaïa avance une moyenne journalière de 150 nouveaux cas suspects, recensés à travers les différentes structures sanitaires de la wilaya, alors que le nombre de décès dûs au coronavirus a augmenté, ces dernières semaines et une moyenne de 5 morts dûs au Covid-19 chaque jour. Dehors, les gens vaquent à leurs occupations comme si de rien n'était. Exception faire des administrations et des institutions publiques, où l'obligation du port du masque est devenue une règle, partout ailleurs dans les rues et les lieux publics, rares sont les citoyens qui font preuve de respect des gestes barrières. Dans un café de la ville, une table de deux personnes est occupée par un groupe de cinq hommes sirotant leurs cafés en toute quiétude. Le propriétaire de l'établissement, qui est pourtant tenu de faire appliquer la distanciation sociale, avoue son incapacité à l'imposer. «J'ai tenté, au début de la réouverture, de sensibiliser, par des rappels dans ce sens, j'ai perdu la moitié de ma clientèle, qui s'est retrouvée au café voisin, plus souple», souligne-t-il.. Dans les boutiques de vêtements, c'est la débandade également, notamment lorsque la date de la rentrée scolaire a été officialisée. Des enfants, accompagnés de leurs parents, continuent encore à prendre d'assaut ces lieux, et ceux des fournitures scolaires, sans prendre aucune mesure de protection. La sonnette d'alarme est donc tirée. que chacun assume ses responsabilités.