Doit-on «suspendre» l'année scolaire? Des voix de plus en plus nombreuses appellent à la fermeture des écoles, du moins jusqu'à ce que le «pic» de la deuxième vague du coronavirus passe. C'est le cas de l'Union nationale des parents d'élèves (Unpe) qui appelle à un confinement des écoles pour une durée de 15 jours. «Au vu de l'augmentation des cas de contamination par le Covid-19, nous demandons au Premier ministre de fermer les écoles pour une durée de 15 jours», souligne cette association de parents d'élèves dans un communiqué publié sur sa page Facebook. «Cet arrêt permettra au ministère de l'Education nationale et à la communauté de l'éducation de travailler à assurer tous les moyens pour l'application du protocole sanitaire et combler les manques observés lors de la rentrée scolaire courante», a ajouté la même source rappelant qu'elle avait «approuvé» la reprise des cours, mais c'était avant la dégradation de la situation sanitaire. Sur les réseaux sociaux, les parents d'élèves sont de plus en plus nombreux à faire part de leurs inquiétudes! Certains ont carrément décidé de ne pas envoyer leurs bambins à l'école durant cette période de recrudescence de l'épidémie. Surtout qu'un recensement fait sur la Toile montre, que dans la wilaya d'Alger, «plus de 30 établissements scolaires ont enregistré des cas de Covid-19». Eux, qui ont milité pendant des mois pour la réouverture des écoles, sont donc en train d'appeler pour une «re-fermeture» temporaire. 30 établissements «covidés» à Alger Chose que la majorité des syndicats de l'éducation approuve. Surtout que bon nombre de leurs collègues ont été contaminés alors que le 1er mois de la rentrée n'est pas encore achevé. La raison de ces contaminations est, selon les syndicats de l'éducation, due au manque de moyens de protection. Un protocole sanitaire a été mis en place, des promesses ont été faites, mais sur le terrain on constate qu'il y a encore de grosses lacunes qui risquent de faire de nos écoles des «clusters» pour le Covid-19. Surtout que même si le protocole est respecté à la lettre au niveau des établissements, à l'extérieur le relâchement demeure total. Il faut ajouter l'inconscience de certains parents qui sont atteints par le coronavirus, mais continuent d'envoyer leurs enfants à l'école. Le risque de grande contamination des établissements scolaires est donc entier! Meziane Meriane coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) tire la sonnette d'alarme. Il parle d'une situation des plus «alarmantes», notant une grande préoccupation au sein de la famille de l'éducation. Pour lui, on est face à une équation complexe. «D'un côté, on ne veut pas avoir une année scolaire blanche, et de l'autre côté, on doit protéger les élèves et le personnel d'encadrement contre le Covid-19», souligne-t-il en demandant d'ouvrir très rapidement une réflexion sur la question. Chez les spécialistes de la santé publique, la question est tranchée depuis un bon moment. À l'annonce de la date de la rentrée, nombre d'entre eux s'étaient prononcés contre cette reprise. Fermeture de 15 jours? Leurs craintes étaient justifiées par l'anticipation d'une seconde vague du Covid-19 qui se précisait de jour en jour. «Nous avions constaté sur le terrain que les hôpitaux se remplissaient peu à peu. Cela alors que ni les écoles ni les universités n'avaient ouvert leurs portes. Ce sont des endroits favorisant la circulation rapide du virus», souligne le docteur Omar Haouchine, médecin spécialiste. Ce médecin, comme beaucoup d'autres patriciens de la santé, reconnaît que l'on ne peut pas sacrifier l'avenir de nos enfants. «Mais on ne peut pas aussi risquer leurs vies, celles de leurs parents et leurs enseignants», rétorque-t-il. Que faire alors? La solution proposée par l'Union des parents d'élèves est, selon eux, une bonne solution en attendant d'y voir plus clair. Nous sommes véritablement face à un grand dilemme. Après avoir patienté au maximum avant de «rouvrir» les écoles, la rentrée tombe à pic avec le début de la seconde vague. Une situation qui met dans l'embarras le ministère de l'Education nationale. Nous sommes à la mi-novembre, un nouveau report pourrait sérieusement remettre en cause l'année scolaire. Toutefois, en parallèle l'épidémie prend de plus en plus d'ampleur.