Les grands conflits qui ravagent la planète ont pour toile de fond le contrôle des richesses énergétiques. Longtemps renfermée sur elle-même et prônant une frileuse autarcie dans tous les domaines (économique, sécuritaire, politique), l'Algérie a été obligée depuis ces dernières années de s'inscrire dans un faisceau de stratégies qui parfois se rejoignent et parfois divergent, comme l'Otan, l'OMC, ou l'Accord d'association avec l'Union européenne. Il se trouve que ses propres intérêts rejoignent, depuis l'avènement du troisième millénaire, quelque peu ceux des différentes organisations régionales. Sur le plan sécuritaire, les attentats du 11 septembre ont donné raison au gouvernement algérien, qui n'avait de cesse, tout au long des années 90, de déclarer au sein de toutes les instances que le terrorisme était un phénomène international. Sur le plan économique et commercial, le passage sous les fourches caudines du rééchelonnement de la dette extérieure, puis la soudaine embellie financière qui a suivi l'envolée des cours du baril, ont ouvert la voie à l'entrée dans l'économie de marché, avec les débuts encore timides induits par la signature de l'Accord d'association avec l'Union européenne et les négociations pour l'adhésion à l'OMC. Ce n'est pas un hasard si la présence du président Abdelaziz Bouteflika à Bruxelles dans le cadre de l'Accord d'association a été mis à profit pour rendre visite à l'état- major de l'Otan. C'est l'illustration la plus visible du lien étroit qui existe entre le militaire et l'économique. A titre d'exemple, on voit bien que les grands conflits qui ravagent la planète ont pour toile de fond le contrôle des richesses du sous-sol, et surtout les richesses énergétiques. La lutte contre le terrorisme et la nébuleuse Al Qaîda a des ramifications internationales et, pour la première fois, embrassent la région Afrique, et notamment le Sahel, signe du regain d'intérêt que connaît cette région qui a été longtemps marginalisée. La stratégie pansahélienne a vu la naissance de différentes organisations, sous la houlette des Etats-Unis, prouvant que l'Afrique revêt une importance stratégique croissante pour les Etats Unis. «L'Afrique, avait déclaré Mme Thérésa Welan, haut responsable du Pentagone, occupe dans l'ordre de priorité des Etats-Unis, une place beaucoup plus élevée que ces dix à quinze dernières années. En fait, l'attention que les Etats-Unis, l'Union européenne le Groupe des 8 et maintenant l'Otan accordent à l'Afrique est sans précédent dans l'histoire». C'est-à-dire que les Etats-Unis peuvent agir autant pour leur propre compte, comme dans le cas de l'Initiative transsaharienne de lutte contre le terrorisme (Tsci) ou l'Acota (African Contingency Opérating Training and Assistance) ou bien dans un cadre plus global qui est celui de l'Otan. L'Algérie pour sa part, peut être intégrée dans les deux stratégies, avec le Maroc, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie, pour ce qui est du Sahel, avec les autres pays sud-méditerranéens pour ce qui est de l'Otan. L'un dans l'autre, on voit bien aujourd'hui que ces différents programmes, qui prennent en compte aussi bien les intérêts économiques que militaires, apportent à l'Algérie plus de stabilité au plan interne et externe par la sécurisation des frontières, en éliminant les causes de conflit, avec un impact sur le plan politique, puisque aussi bien les grandes puissances que les pays de la région ne verraient pas intérêt à une déstabilisation de l'Algérie. Vus sous cet angle, l'achat d'armement et la signature du_ gros contrat comme celui conclu avec la Russie, n'ont pas d'incidence sur la politique extérieure de l'Algérie, qui privilégie les politiques de non-agression dans ses relations avec ses partenaires. Par ailleurs, l'autre corollaire de l'adhésion de l'Algérie à des organisations militaires régionales comme l'Otan est également accompagné d'un effort de professionnalisation et de modernisation de l'armée, impliquant une séparation entre les affaires politiques et militaires. Les autorités algériennes n'ont-elles pas affirmé à maintes reprises que le projet de Bush du Grand Moyen-Orient n'effraie pas l'Algérie?