«Les patriotes ne seront pas oubliés par l'Etat», a-t-il rassuré. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux M.Tayeb Belaïz, a annoncé la signature lundi passé, de l' accord de coopération judiciaire avec les Britanniques, à l'occasion du septième round des pourparlers entre les deux pays. Ces accords portent sur l'extradition, la coopération judiciaire aux plans pénal, civil et commercial, ainsi que sur la circulation des personnes. Paradoxalement, Belaïz a contredit la source officielle algérienne citée, le 11 mars dernier, par l'agence officielle APS, qui avait affirmé que «l'accord de coopération judiciaire entre l'Algérie et le Royaume-Uni n'a pas encore eu lieu du fait du refus de la partie algérienne d'inclure une clause permettant à la partie britannique d'exercer «un contrôle extérieur quant à l'application de cet accord, notamment concernant le volet relatif au jugement des personnes recherchées». Approché par des journalistes, en marge de la visite de M.Abdelaziz Bouteflika dans la capitale, le ministre a affirmé que «la Grande-Bretagne n'a jamais demandé que des juges britanniques assistent en Algérie au jugement d'Algériens suspectés d'activités terroristes». Zerhouni s'est montré lui- même pessimiste sur l'avenir de la convention, lors de son passage à la Radio nationale en déclarant: «Comment voulez-vous que Londres coopère dans les affaires liées au terrorisme alors que nous n'arrivons même pas à nous entendre sur des dossiers de droit commun et d'escroquerie». Que cachent ces contradictions? Il faut savoir que la partie anglaise a démenti, par la voix de son ambassade en Algérie, les informations de la «source officielle». Londres tente d'expulser 17 Algériens, suspectés de terrorisme, qui sont actuellement en détention ou sous contrôle judiciaire. Par ailleurs, Belaïz a déclaré que les discussions entre les deux pays pour l'extradition d'Abdelmoumène Khalifa, ex-patron du groupe Khalifa, «sont en cours» et que l'Algérie attend une réponse favorable. Dans un autre volet, les victimes de la «tragédie nationale» devront attendre encore quatre à six mois avant de bénéficier des indemnisations dans le cadre de la mise en oeuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. C'est du moins ce qu'a laissé entendre hier, M.Nouredine Yazid Zerhouni, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, en marge de la visite d'inspection du chef de l'Etat. «La commission d'indemnisation, a-t-il indiqué, poursuit son travail de recensement sur le terrain. Il lui faudra quatre à six mois avant d'achever sa mission». A la date d'hier, seules 200 personnes ont été écoutées par les cellules installées à travers tout le territoire national. Ce qui démontre la complexité de la mission. La période fixée par Zerhouni, faut-il le préciser, coïncide avec la fin de l'ultimatum accordé par la charte aux terroristes pour se rendre. Pour le moment, il est impossible de fixer le coût de l'opération d' indemnisation, de l'avis de Zerhouni qui rejoint, à travers cette déclaration, son collègue des Finances, M.Mourad Medelci, qui a déclaré jeudi à l'APN que l'opération d'identification et d'indemnisation nécessite plusieurs semaines. Quatre mois, c'est aussi le temps nécessaire pour la finalisation de la loi de finances complémentaire qui devra être soumise au Parlement avant la clôture de la session au mois de juillet, si toutefois le président ne décide pas de recourir à l'ordonnance entre les deux sessions. Toujours dans le dossier de la charte, Zerhouni a tenu à rassurer les patriotes de l'aide de l'Etat: «Les patriotes ne seront pas oubliés par l'Etat». Pour le moment, le gouvernement est en train de réfléchir à la manière la plus adéquate pour prendre en charge cette catégorie. «Il reste juste à définir le cadre légal de cette catégorie». Est-ce que cela se fera dans le cadre d'une loi ou d'un texte réglementaire? Difficile de se prononcer à l'heure actuelle. Ils sont 80.000 à travers le territoire national. Au lendemain de la publication de la charte, ces derniers ont interpellé le président Bouteflika et le président de la Commission consultative pour les droits de l'homme, pour réclamer un statut, du travail et la reconnaissance de leur sacrifice. Avant Zerhouni, le chef du gouvernement M. Ahmed Ouyahia a proféré les mêmes assurances à l'égard des patriotes.